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Rav Nahum Botschko – ‘Houkat – Impureté et pureté

Rav Nahum Botschko – ‘Houkat – Impureté et pureté

Au début de la paracha de ‘Houkat, Moche Rabénou reçoit les instructions concernant la vache rousse. Elle devra être brûlée et ses cendres serviront à préparer « l’eau lustrale » pour purifier ceux qui auront contracté l’impureté de la mort.

La notion d’impureté, au sens où la Thora l’entend, ne fait pas partie des évidences intellectuelles de l’homme « moderne », et nous devons donc faire effort pour tenter de la comprendre.

Il existe diverses sortes d’impuretés, telles que l’impureté de nida (impureté menstruelle), l’impureté de la charogne, celle des émissions de sperme, la lèpre[1], le mort – et d’autres encore. Pourquoi les éléments de cette liste hétéroclite sont-ils dits « impurs » et pourquoi, entre tous, l’impureté de la mort est-elle désignée comme la plus grave, nécessitant pour sa purification l’aspersion avec l’eau lustrale.

Il est coutume de dire[2] que l’impureté est liée au fait que la vitalité s’est retirée, laissant, là où régnait la vie, vide, vacuité, mort.

En voici quelques exemples :
1. Nida : Le sang menstruel provient des parois de l’utérus lorsque l’ovule qu’elles devaient accueillir n’a pas été fécondé. Un potentiel de vie s’est trouvé anéanti. Cela est vrai aussi en ce qui concerne l’émission de sperme.
2. La charogne : un être vivant dont la vie s’est retirée rend impur.
3. La lèpre : des cellules et des membres qui se dessèchent et perdent leur vitalité.

On comprend aisément que l’impureté de la mort soit perçue comme la plus grave, puisque l’âme humaine – le couronnement de la Création – exprime la dimension de vie la plus haute et la plus authentique ; lorsqu’elle quitte le corps, elle laisse derrière elle un vide considérable. Sans la néchama, le corps n’est plus qu’un écrin vide et sans valeur. S’il était jusqu’à présent l’instrument au travers duquel l’âme s’exprimait, il est devenu inutile, amas de chairs et d’os voués à la pourriture. Le cadavre est ainsi la cause première des causes d’impureté, car la mutation qui s’est opérée en lui dans le passage de la plénitude de vie au vide de la mort est la plus absolue.

Pour se purifier de l’impureté de la mort, se libérer de cet état de néantisation et de morbidité, la Thora nous ordonne la rencontre avec la vie matérielle à son apogée : la vache rousse exprime la puissance de la vie ; elle est forte et saine, fournit à l’homme lait et viande, son nom même est synonyme de vitalité[3]. Le rouge est la couleur de la force et de l’énergie vitale. La Thora exige d’ailleurs que la vache soit parfaitement rousse (sans un poil blanc ou noir), sans défaut et qu’elle n’ait pas porté le joug, manifestation d’une perfection impeccable [4].

« Vous qui êtes attachés à Hachem votre Dieu, vous êtes tous vivants aujourd’hui » dit le verset. La Thora nous commande de nous attacher au Dieu Vivant, de vivre donc selon les normes dispensatrices de vie pleine et authentique. S’il arrive qu’au détour de l’existence nous rencontrions le contraire de la vie – l’impureté – il faut donc que nous nous en purifiions pour pouvoir restaurer l’authenticité que la mort a remise en question.
La vie authentique, c’est la vie d’attachement au Créateur source de bénédiction, vie de sainteté et de pureté, afin de pouvoir être le véhicule de la Présence divine et pouvoir pénétrer dans la Maison de sainteté, lieu de manifestation de la Présence divine et du Service de Dieu.

Aujourd’hui, en l’absence du Temple, alors que les lois de pureté et d’impureté semblent privées de signification, nous devons au contraire aspirer de toutes nos forces à la pureté et à la sainteté au service d’ Hachem.

[1] Qui n’a rien à voir avec la maladie infectieuse qui sévit encore aujourd’hui
[2] Voir Kouzari, II, 60-62.
[3] En hébreu, para (« la vache ») est homonyme de para (« la féconde »).
[4] D’après une causerie du rav Tzvi Yéhouda Kook זצ »ל sur la paracha de Houqat. Tous les sujets liés à la pureté et à l’impureté – et en particulier celui de la vache rousse – sont liés aux arcanes de la Thora et nous n’avons d’autre ambition ici que de les rendre un tant soit peu accessibles à la pensée.

 

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