1 Tora mi-Tsiyon, Kohkav Yaakov, 9062200
02-9972023, 02-9974924,

Hayé Sarah – Isaac était sorti vaguer dans le champ

Hayé Sarah – Isaac était sorti vaguer dans le champ

Rav Nahum Botshko
La Thora relate qu’« Isaac était sorti vaguer dans le champ vers le soir » (Genèse XXIV, 63) et dans le même temps, la caravane des chameaux du serviteur d’Abraham arrive à sa rencontre, amenant notre mère Rebecca, destinée à devenir son épouse. Les commentateurs sont divisés quant à la signification des mots הֶדַשַּׂבּ ַשׂוּחָל (lassouah bassadé) traduits ici par « vaguer dans le champ » et sa signification au sens propre (pchat) et au sens figuré (drach) :
Au sens propre, l’expression signifierait « se promener dans les bocages » selon Ibn Ezra ; selon Rachbam et Hizqûni, ce serait « planter des arbres et vaquer à ses occupations », mais aussi – deuxième explication du Hizqûni – « parler à un quelqu’un selon les besoins ».
Au sens figuré, pour Onqélos, rabbi Saadia Gaon, Rachi, Sforno, Kéli Yaqar, elle signifie « prier ». Nos Sages y voient l’allusion au fait qu’Isaac a institué la prière de Minha – puisqu’aussi bien il était sorti prier dans le champ vers le temps du soir, à l’heure de Minha.
Toutefois, les deux modes d’explication soulèvent des difficultés :
Au sens propre, pourquoi la Thora devrait-elle nous raconter des anecdotes insignifiantes concernant les occupations d’Isaac à ce moment-là ? La Thora, nous le savons, ne raconte pas d’histoires. Ce qu’elle nous dit est toujours pleinement signifiant. Quant au sens figuré, il semble bien loin du sens immédiat.
Il faut, à mon sens, combiner les deux lectures et les unifier. Le verbe lassouah contient bien les deux sens proposés, le sens figuré révélant la profondeur du sens propre.
En utilisant le verbe lassouah , la Thora nous enseigne qu’une importante personnalité comme Isaac ne sépare pas dans son mode de vie la prière et l’attachement à Dieu de ses occupations triviales. Pour Isaac, même une simple promenade dans les bocages, la plantation d’arbustes et les discussions avec ses ouvriers, la conversation avec autrui, tout cela fait partie pour lui du « devant Dieu » ; tout cela possède un statut de dignité égale à celle de la prière. Le verbe lassouah associe les deux domaines – la prière et les occupations mondaines – révélant leur unité essentielle.
Il me semble que cette idée reflète les merveilleux propos du rav Abraham Isaac Kook dans Ŏlath Réïya, son commentaire sur la téfila (tome 1, avant-propos §1) :
La prière constante de l’âme s’efforce en permanence de sortir de sa clandestinité pour se révéler au grand jour ; elle veut s’étendre à toutes les forces vives de l’esprit, de la conscience et du corps tout entier. Elle désire aussi dévoiler sa nature et l’efficacité de son œuvre tout à l’entour, sur le monde, sur la vie.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle, selon nos Sages, c’est précisément la prière de Minh a qu’Isaac a instituée. Cette prière, en effet, se situe au milieu de la journée, au beau milieu de nos activités quotidiennes. Elle nous impose de nous présenter devant Dieu du sein même de nos occupations et préoccupations. Que nous sachions qu’elles aussi doivent être éclairées par la prière, qu’elles devraient idéalement être même une composante d’une longue et unique prière – lien permanent avec notre Dieu.

Traduit et adapte par R.E. Simsowitch

 

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