Rav Shaoul David Botschko – La mitsva de la paracha : Parachat Bo – L’arrivée du Machia’h dépend de nous
« C’était au bout de 430 ans de séjour en Egypte, les hébreux sortirent du pays. »[1]
430 ans, c’est 30 ans de plus que le temps d’exil que D-ieu avait annoncé à Abraham: « D-ieu dit à Abraham: Sache que tes enfants seront esclaves dans un pays qui n’est pas le leur durant 400 ans. »[2]
Rachi répond ainsi à cette contradiction: Les 400 années annoncées à Abraham doivent être comptées à partir de la naissance d’Isaac. (En effet, la présence effective des hébreux en Egypte n’a pas dépassé 210 ans). Les 430 années, elles, doivent être comptées à partir du Brit Habetarim, c’est-à-dire du moment où D-ieu a annoncé à Abraham l’esclavage d’Egypte.
C’est une explication difficile, dit le Ramban, car il faudrait alors admettre que le dévoilement du Brit Ben Habetarim eut lieu 30 ans avant la naissance d’Isaac, Lorsqu’Abraham n’avait que 70 ans, soit 5 ans avant que D-ieu ne lui donne l’ordre de se rendre au pays de Canaan…
QUELQUES ANNEES PLUS TARD.
Le Ramban résout la contradiction différemment: Donnons-lui la parole:
« Et encore je dis que la meilleure des explications est la suivante: Effectivement le compte des 400 ans que D-ieu annonça à Abraham débute à la naissance d’Isaac comme nous l’avons mentionné. Et les 30 ans supplémentaires rapportés dans notre verset ont été ajoutés (en plus de ce qui était annoncé) à cette génération-là. Car si on décrète qu’un homme doit subir en punition de ses fautes, exil et souffrance pendant un ou deux ans et qu’il persévère dans ses égarements ou même qu’il commette de nouveaux péchés, on lui ajoutera encore de grandes punitions et on prolongera son temps d’exil car l’annonce de la première punition n’était pas un engagement qu’il n’en recevra pas d’autres… Et encore, il n’y a aucune promesse de D-ieu qui ne puisse être annulée par les fautes de l’homme sauf lorsque D-ieu a accompagné sa promesse d’un serment. Or il est un fait connu, les hébreux en Egypte ont beaucoup fauté; ils ont même annulé la circoncision … Et c’est la raison pour laquelle D-ieu a prolongé leur exil de 30 ans. Ils auraient mérité que cet exil se prolonge, mais D-ieu a entendu leurs cris et écouté leurs prières. »
Le Ramban nous apporte ici un enseignement capital: l’histoire n’est pas jouée d’avance, elle n’est en aucune manière prédestinée ou prédessinée. Et même lorsque D-ieu lui-même a fixé une date pour la délivrance, cette date peut subir des modifications selon la conduite de l’homme.
Ce qui ne peut être mis en question, c’est le principe de la délivrance lui-même. D-ieu a juré, Il tient Son serment, mais les modalités, les étapes et les dates de la délivrance peuvent dépendre de l’homme de sa conduite, de ses souffrances et de ses prières. La Thora avait annoncé la durée de l’esclavage en Egypte, 400 ans, mais ce chiffre est d’abord un symbole. Il signifie que cet asservissement était une descente dans la nuit et l’enfer. En effet le chiffre 4 et ses multiples signifient globalité et totalité, le chiffre 100, un grand nombre; cet esclavage était total tant par sa qualité que par sa durée; cet esclavage est la négation de l’homme; seule l’intervention de D ieu pourra transformer ce non peuple en une nation. Mais sa traduction dans le temps est variable; D ieu, par Sa Volonté, par Sa Miséricorde, peut le faire débuter à la naissance d’Isaac alors que nul esclavage n’avait encore commencé, mais Il peut également le prolonger à cause de la faute des hommes…
D ieu n’enferme pas l’histoire dans une logique de dates; mais ce sont les pleurs, les cris, les prières, les bonnes actions et l’action de l’homme qui peuvent et doivent influer le déroulement de l’histoire. C’est pourquoi nos sages interdisent de calculer la date de la venue du Messie, ce serait faire de l’histoire un déterminisme, un retour en Egypte. Le grand Amora Samuel disait même que la date ultime pour la venue du Messie était arrivée et que sa venue ne dépend plus que du Repentir.
TEMPS MESSIANIQUES
Aujourd’hui également, alors que nous sommes les témoins de la délivrance de notre peuple par la résurrection et le renforcement de l’Etat d’Israël, nous devons savoir que n’avons absolument pas le droit de nous contenter d’être des témoins comme si nous étions extérieurs à une histoire dont D-ieu tient les tenants et les aboutissants.
Non, enseigne le Ramban, l’homme reste toujours le moteur de l’histoire; vous n’avez pas le droit de vous laisser bercer par la douce musique des temps messianiques que vous vivez pour ne pas agir directement en faveur de la Gueoula.
« Vous devez prendre votre destin en mains, enseigne le Ramban, vous approcher de D-ieu et de Sa Thora, participer à l’unification du peuple d’Israël, revenir au pays que D-ieu vous donne pour que la date prévue pour la délivrance ne soit pas remise… »
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[1] Exode 12, 40
[2] Genèse 15, 17
Bo Délivrance Emouna Israël Paracha Prières Rav Shaoul David Botschko Shemot Tanakh Techouva