Rav Shaoul David Botschko – La mitsva de la paracha : Parachat Beha‘alotekha – La Tefilah
Maïmonide, dans son livre des commandements (loi no 5) considère que la prière est une obligation journalière qui fait partie des 613 commandements de la Thora.
Cette obligation est déduite du verset : « Vous servirez D ieu ». Ainsi,pour lui, par la prière, l’homme témoigne de la Toute Puissance de l’Eternel. En l’implorant, il reconnait que c’est Lui qui est le dispensateur de toutes les bénédictions. Ses regards sont tournés vers Lui comme un eclave se tourne vers son maître pour quémander sa nourriture.
Trois fois par jour, l’homme manifeste sa reconnaissance que D ieu est le Roi de l’univers.
Na’hmanide, dans ses notes sur « le livre des commandements » n’accepte pas cette vision : non dit il, la prière n’est pas une obligation; le caractère de contrainte vide cette relation avec D ieu de sa chaleur et de sa spontanéité.
Il va plus loin encore; si pour « l’Aigle de la Synagogue », la prière est un mouvement ascendant, de l’homme vers D ieu, pour Na’hmanide, c’est un mouvement descendant de D ieu vers l’homme :
« Mais certainement, la prière n’est en aucune manière une obligation. C’est un fait de la bonté et de la charité divines qui nous répond chaque fois que nous L’implorons »[1].
Nous, les hommes, ne pouvons influencer D ieu. De quel droit le louerions nous ? Toutes nos paroles seront insuffisantes et ainsi à la limite même du blasphème. Le silence est notre seule parole possible.
Mais pourtant, notre âme créée à Son image, désire passionnément se rapprocher du Créateur.
Oui, nous répond t-Il dans Sa Bonté; Je vous autorise à Me louer et plus encore Je vous écoute et tiens compte de vos supplications.
Mais, poursuit Na’hmanide, il existe néanmoins une prière obligatoire; elle est déduite d’un verset de notre Paracha :
« Et lorsque vous irez en guerre dans votre pays contre les ennemis qui vous oppriment, vous sonnerez les trompettes et par vos suppliques, vous vous amènerez au souvenir de Eternel qui vous sauvera de vos ennemis. »
D’ici, dit Na’hmanide, on apprend
« Que lors d’un malheur qui s’abat sur la communauté, on doit s’adresser à Lui par les prières et par la sonnerie des trompettes ainsi que le roi Salomon s’exprimait: lorsqu’il n’y aura point de pluie, lorsque le pays sera frappé par la famine ou par une épidémie ou encore par une invasion de sauterelles ou si des ennemis attaqueront vos villes, vous vous tournerez vers cette maison et vous implorerez le Tout Puissant »[2].
Ainsi, la prière, pour Na’hmanide est partie intégrante de la foi et de la confiance en D ieu.
La prise de conscience de cette omniscience est obligatoire. Aussi Na’hmanide rejoint-il Maïmonide. Mais si pour ce dernier la prière de tous les jours doit être le cri de l’esclave, Na’hmanide réserve cette prière là pour les circonstances graves et exceptionnelles : « lorsque vous irez en guerre… ».
Tous les jours, la prière est une occasion magnifique de rencontre que D ieu nous offre dans Sa Bonté.
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[1] Ramban sur le livre des commandements, Loi 5
[2] Ramban, note sur livre des Commandements Loi n°5
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