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Rav Nahum Botschko – Beha‘alotekha – La deuxième Pâque

Rav Nahum Botschko – Beha‘alotekha – La deuxième Pâque

Notre paracha comporte une mitzva prescrivant de fêter Pessa‘h exactement une année après la sortie d’Égypte. Mais voilà qu’un certain nombre de personnes se trouvaient être impures à ce moment-là, ce qui les a empêchées d’apporter l’agneau pascal. Ces personnes ont adressé une réclamation à Moïse : « pourquoi sommes-nous privés du privilège d’apporter l’offrande à Hachem en son temps ? » Moïse, sur instruction divine, donne droit à leur requête et leur permet de pratiquer la mitzva de la Pâque à une autre date : dorénavant, quiconque n’aura pu apporter le sacrifice pascal pour avoir été impur, pourra apporter « la deuxième Pâque » – Pessa‘h chéni – le 14 Iyar.

Cette halakha est très surprenante : n’y a-t-il pas un principe général de la Thora affirmant que si quelqu’un a été empêché de pratiquer une mitzva par force majeure, il en est tenu quitte ! Dans le cas présent aussi, quelqu’un qui s’est trouvé involontairement impur est empêché par la Thora elle-même d’apporter l’offrande et on ne saurait lui en faire grief. Pourquoi la Thora a-t-elle jugé nécessaire de fixer une date de remplacement pour la pratique de cette mitzva ? Est-ce que quelqu’un qui n’a pas pu faire Souccoth se verra proposer de construire une Soucca et d’y habiter un mois plus tard ?

Si nous examinons de près ce que signifie la fête de Pessa‘h, nous comprendrons qu’elle est unique en son genre et sa spécificité la distingue de tous les autres commandements positifs.

Mentionnons d’abord le lien étroit qui unit Pessa‘h à la circoncision. Les incirconcis n’ont pas le droit de participer au sacrifice pascal, bien qu’ils soient tenus de respecter tous les autres commandements.. Deuxièmement, celui qui n’accomplit pas la mitzva du sacrifice pascal est passible de retranchement (kareth). Cette sanction du retranchement ne s’applique qu’à deux mitzvoth positives : le sacrifice pascal et la circoncision. De plus, le midrach nous enseigne qu’Israël a mérité de sortir d’Égypte grâce à la pratique de deux commandements impliquant du sang : le sacrifice pascal et la circoncision.

La nuit de la sortie d’Égypte est un des événements fondateurs de la nation d’Israël. En cette nuit, Hachem est venu en personne prendre Israël pour Lui comme peuple : « se prendre une nation du sein d’une nation ». C’est alors qu’apparaît l’âme collective d’Israël et les Hébreux sont devenus les individualités d’une entité nationale, les parties d’un tout qui les transcende.

Ainsi, nous pouvons comprendre que la circoncision et la Pâque ont une même nature, celle d’être le « billet d’entrée » dans la collectivité d’Israël. La circoncision est le signe d’alliance sainte taillée dans notre chair, qui lie chacun de nous à Dieu. Le sacrifice pascal est l’implication individuelle de chacun dans la collectivité d’Israël à l’indice national. Les lois du sacrifice pascal comportent de nombreuses règles visant la notion d’unité : on le grille entier, il interdit d’en briser les os, il est interdit de le faire sortir de la maison, on le mange en groupe constitué, etc.

Nous pouvons comprendre à présent pourquoi ces hommes qui n’avaient pu pratiquer la Pâque en ont été si profondément troublés. Ils ont eu le sentiment d’être « laissés pour compte », au dehors ; de ne pas être authentiquement reliés à leur peuple et à leur Dieu. Pessa‘h chéni permet à tous de confirmer ce lien fondamental de l’identité d’Israël.

 

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