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Rav Shaoul David Botschko – Toledot – « Et Esaü dédaigna la dignité d’aîné »

Rav Shaoul David Botschko – Toledot – « Et Esaü dédaigna la dignité d’aîné »

« Ésaü dit : voici que je vais mourir ; à quoi me sert d’être l’aîné ? »
Quel rapport y a-t-il entre les deux parties du verset ?
Rabbi Chmuel ben Méir (le « Rachbam », petit-fils de Rachi), rabbi Abraham Ibn Ezra expliquent qu’Ésaü affirme, étant chasseur, qu’il met quotidiennement sa vie en danger. Il y a, prétend-il, de fortes chances qu’il meure avant son père et n’en héritera donc pas. Il n’a donc aucun problème à renoncer à son statut d’aîné.
Le Hizqouni (rabbi Hizqiya bar Manoah, Provence, début du xiiième siècle) affirme quant à lui qu’Ésaü sait que l’aîné devra attendre encore quatre cents ans avant de faire valoir ses droits sur Eretz Israël ; lui, il sera donc mort bien avant ! À quoi lui sert d’être l’aîné ?
Rachi, dans la tradition des maîtres du Talmud et du Midrach, explique qu’Ésaü n’a que dédain pour le service de Dieu dont l’aîné porte la responsabilité. Cette dernière comporte un grand danger : si on ne l’assume pas convenablement, on peut être passible de mort. Il est donc bien préférable de renoncer à cet honneur.
Quelle magnifique explication ! Pourquoi les commentateurs classiques attachés au sens littéral s’en sont-ils écartés ? Sans doute parce qu’il est difficile de dire que la déclaration « je vais mourir » fait allusion à la sanction capitale dont est passible celui qui commet une erreur dans le service du Temple.
Pourtant, nos sages ont bel et bien mis au jour le sens profond du verset. « Je vais mourir », tel est le sort de tout homme. L’homme devrait donc jouir de la vie autant qu’il peut, parce qu’une fois mort, il n’y a plus rien. Être l’aîné, c’est porter une responsabilité spirituelle. Ce n’est pas pour rien que l’aîné hérite d’une part double. Il lui incombe d’assurer la pérennité des valeurs de la famille.
Le service de Dieu et la Thora concernent celui qui sait que la vie ne se réduit pas à la dimension physique à laquelle la mort met fin. La vie est une création spirituelle qui demeure à jamais.
C’est bien ce que dit la Thora : « Ésaü dédaigna la dignité de l’aînesse. »

 

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