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Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Reeh – La dîme : générosité ou obligation ?

Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Reeh – La dîme : générosité ou obligation ?

« Prélever tu prélèveras la dîme sur toute la récolte de ta semence qui sortira au champ d’année en année. » (Dévarim XIV, 22)
Ce verset, assez explicite quant au fond, établit l’obligation du prélèvement annuel de la dîme sur les récoltes. Sa forme est toutefois suffisamment complexe pour donner lieu à l’élucidation de règles d’application de la loi qui ne paraissent pas évidentes au premier abord. Nos sages, par exemple, nous enseignent que le mot « toute » (alors que « la récolte » aurait logiquement suffi) est destiné à inclure l’obligation de la dîme sur tous les revenus, mitzva connue sous le nom de ma‘asser késsafim, la dîme financière. Nos Pères vénérés – les Patriarches – nous ont montré le chemin de cette conduite vertueuse. Lors de sa rencontre avec Melkitzedeq, prêtre du Très-Haut, Abraham « lui donna la dîme de tout » (Cf. Genèse XIV, 20). De même Jacob s’y est engagé : « de tout ce que Tu me donneras, prélever je prélèverai la dîme. » (Genèse XXVIII, 22)
Les décisionnaires sont cependant divisés au sujet de cette mesure. S’agit-il d’une mitzva de la Thora à part entière enjoignant de verset la dîme au titre de la tzédaqa (œuvres de bienfaisance) ou seulement d’une conduite de vertu non contraignante s’appuyant allusivement sur le verset. Celui-ci ne traite pas, en effet, de la « dîme des pauvres » mais de la seconde dîme qui devait être consommée par les propriétaires à Jérusalem. Certains ajoutent même que tout ce qui touche à cette « dîme financière » n’est autre qu’un surcroît de piété vertueuse (midath ‘hassidouth).
Qu’est-ce que cela signifie et quelle est la halakha ?
La réponse se trouve dans un autre verset de notre paracha qui traite, lui, explicitement de la tzédaqa :
« S’il se trouve en toi un nécessiteux d’entre l’un de tes frères en l’une de tes villes de ton Pays qu’Hachem ton Dieu te donne, ne raffermis pas ton cœur et ne serre pas ta main contre ton frère le nécessiteux. Ouvrir tu lui ouvriras ta main et tu veilleras à lui prêter suffisamment pour son besoin dont il sera en manque. » (Dévarim XV, 7-8)
L’exigence de la Thora est claire : la mitzva de la tzédaqa consiste à couvrir tous les besoins du pauvre1. Il ne s’agit pas d’un pourcentage de mes biens, mais de combler le manque du pauvre. C’est bien ainsi que le Choul‘hane ‘Aroukh statue : « La mesure de ce qu’on doit donner dépend des moyens dont on dispose et s’élève à tout ce dont les pauvres ont besoin. » (Yoré Dé‘a, 249, 1)
Donner ce dont le pauvre a besoin, telle est l’exigence a priori de la Thora. Et si quelqu’un venait à dire : « mais ainsi je m’appauvrirai moi-même et deviendrai un indigent à mon tour ! », la halakha a aussi prévu cela et statue : « et si ses moyens n’y suffisent pas assez, qu’il donne un cinquième de ses biens – ça c’est la mitzva de première qualité. Un dixième, c’est la mitzva de qualité moyenne. Moins que cela, c’est mauvais… » (ibid.)
La dîme, c’est-à-dire un dixième des revenus est donc le minimum de ce qu’il faut donner aux pauvres car la mitzva, selon la Thora, n’est pas d’abord indexée aux biens du donneur mais aux besoins du pauvre.
Tout cela dépend évidemment des possibilités concrètes de chacun. Le pauvre est quitte a priori de la dîme d’argent, contrairement à la dîme sur la récolte qui s’applique sur celle-ci quelle que soit la situation économique du propriétaire. On pourrait donc résumer ainsi la réponse à la question posée : quelle est la halakha ?
Celui qui en a les moyens est soumis à l’obligation, de par la Thora, de donner au moins un dixième de ses revenus aux pauvres. S’il a du mal à assurer la subsistance de sa famille, cette dîme n’est que vertu de piété et n’est pas contraignante. Le dévouement aux besoins de la famille est en lui-même vertu par lequel il s’acquitte de cette mitzva.

 

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