Rav Shaoul David Botschko – Parachat Pekoudé – La kippa
La mitzva de la semaine : Parachat Pekoudé
La kippa
Les Cohanim et le Cohen gadol doivent avoir la tête couverte, une tiare pour le second et des turbans pour les premiers (Chemot xxxix, 28) :
« Et la tiare de lin et les parures des turbans de lin et les caleçons de toile en lin retors. »
Il est intéressant de remarquer que dans le même verset figurent ensemble le couvre-chef et le caleçon. Or, le caleçon est un vêtement nécessaire alors qu’apparemment le couvre-chef est a priori superflu, du moins pour la plupart des gens. Il y a probablement là une allusion à l’obligation faite à chaque Juif de se couvrir la tête (la kippa) comme l’énonce le Choul‘han ‘Aroukh et qu’il ne s’agit pas d’une addition gratuite (Ora‘h ‘Haïm ii, 6) :
« Il est défendu de marcher la taille redressée et on ne doit pas marcher quatre coudées tête nue. »
De la différence entre ce qui est dit de la taille redressée (« défendu ») et de ce qui est dit d’aller tête nue (« on ne doit pas ») les commentateurs déduisent que la démarche orgueilleuse est interdite alors que se couvrir la tête est une attitude de zèle. Il s’ensuit que dans des circonstances particulières telles que les activités sportives et le travail en dehors d’Eretz Israël il est permissible d’être nu-tête.
Mais le fait que ces deux règles soient citées d’un même souffle indique que le port du couvre-chef est une attitude visant à inculquer à l’homme l’humilité, ce qui semble contradictoire avec la tiare et le turban qui font partie des vêtements des Cohanim « le-khavod ou-le-tifareth, pour l’honneur et la splendeur », c’est-à-dire des marques de distinction soulignant le haut statut des Cohanim. Or donc, qu’est-ce que la kippa ? un signe de distinction rappelant que nous sommes un peuple appelé à être mamlekhet Cohanim, « un royaume de Cohanim » (Chemot xix, 6) ou un signe de soumission et d’infériorité ?
Sans doute les deux à la fois, qui se conjuguent et se complètent. Le port d’un uniforme est une marque de distinction pour les soldats et les policiers, que soulignent encore les différences de grade. Mais en même temps, il indique que cette distinction n’est pas le fait de la personne mais de la fonction – c’est-à-dire du service, que ce soit le turban du Cohen ou le képi (ou la casquette) du policier et ceux qui les portent en sont fiers, parce que servir est un honneur.
Tel est le sens de la kippa : distinction honorifique du peuple de Dieu que nous portons avec fierté mais sans orgueil ni vanité, parce que notre rôle au sein de notre peuple passe avant le « moi » de notre personne.