1 Tora mi-Tsiyon, Kohkav Yaakov, 9062200
02-9972023, 02-9974924,

Rav Shaoul David Botschko – Parachat Nitsavim – Responsabilité

Rav Shaoul David Botschko – Parachat Nitsavim – Responsabilité

Une notion fondamentale du judaïsme est celle de la solidarité réciproque. Elle trouve sa source dans cette paracha (Deutéronome xxix, 28) :

« Les choses cachées appartiennent à Hachem notre Dieu et les dévoilées à nous et à nos enfants à jamais, pour réaliser toutes les paroles de cette Thora. »

Autrement dit, nous ne sommes pas responsables de ce qui nous est caché, des fautes commises en secret. Cela relève de la responsabilité divine. Mais ce qui est connu, dévoilé, ce qui se passe au grand jour, nous en sommes responsables et nous devons l’empêcher de se poursuivre et de se reproduire.

Il existe aussi une expression halakhique de cette notion : « tous ceux d’Israël sont garants les uns des autres. » Cela implique la possibilité pour qui a déjà pratiqué une mitzva de la refaire au bénéfice de son prochain. Par exemple, quelqu’un a déjà fait le quiddouch de chabbat. Il a dit toutes les bénédictions et est quitte de la mitzva. Et voilà que vient quelqu’un chez lui à l’improviste, qui n’a pas encore fait le quiddouch et ne sait pas le faire. Il peut alors refaire le quiddouch pour acquitter cette personne, bien que lui-même n’en a plus l’obligation et qu’il est a priori interdit de prononcer des bénédictions qui nous sont inutiles. Oui, mais nous devons savoir que ce qui est nécessaire à autrui est aussi de notre devoir.

Cette responsabilité, ou garantie ou solidarité qui nous lie les uns aux autres est à la racine de la notion d’Israël en en tant qu’entité collective indivisible. Il est intéressant de noter que le Talmud (Sanhédrin 43b) établit que cette solidarité n’est devenue effective qu’à partir du moment où Israël, sorti d’Egypte et déjà constitué comme peuple, est entré sur sa terre, Eretz Israël. Le Talmud s’interroge sur une particularité graphique du texte. Les lettres de certains mots du verset cité ci-dessus sont surmontées d’un point [1], en manière de soulignement :

« Pourquoi les mots “pour nous et pour nos enfants (et la première lettre du mot suivant)” sont ils surmontés d’un point ? Pour enseigner qu’il n’y a pas de sanction pour les choses cachées tant qu’Israël n’a pas traversé le Jourdain – propos de rabbi Yehouda. Rabbi Néhémia rétorqua, Il ne sanctionnera jamais la collectivité pour les fautes cachées, mais cela vient nous enseigner que même les fautes dévoilées des uns ne sont sanctionnées pour la collectivité qu'une fois que le peuple d'Israël traverse le Jourdain »

Nous en apprenons que la création de l’État d’Israël a réinstauré cette responsabilité réciproque.

De notre temps, alors que fait rage une maladie contagieuse, il est de notre devoir d’encourager la vaccination pour ceux qui craignent de s’acquitter de cette obligation humaine et aussi de faire en sorte que ceux qui ne se sont pas fait vacciner ne se promènent au sein de la collectivité au risque de propager la contamination.

C’est une des dimensions pratiques que ce verset nous enseigne aujourd’hui.

Shaoul David Botschko


[1] לָ֤ׄנׄוּׄ וּׄלְׄבָׄנֵ֨ׄיׄנׄוּ֙ׄ עַׄד־עוֹלָ֔ם...