Rav Shaoul David Botschko – Parachat Ki Tétsé – Contraint
La paracha est particulièrement riche en mitzvoth. Celle qui fera l’objet de notre n’est pas très connue ; il s’agit de l’interdiction de punir quelqu’un ayant commis une transgression, non de sa propre volonté, mais sous la contrainte. Nous l’apprenons du verset suivant (Deutéronome xxii, 26) :
« Quant à la jeune fille, tu ne lui feras rien ; elle n’a pas commis de faute passible de mort. Son cas est semblable à celui de la victime d’un meurtre. »
Pour Maïmonide, ce verset est la source d’un principe général interdisant de punir quelqu’un ayant commis une transgression sous la contrainte (Règles du Sanhédrin, chapitre 20).
Reste à définir la notion de contrainte.
Le Talmud indique dans le traité Chabbat que celui qui ignorait une interdiction ou une obligation et a agi sans en tenir compte est considéré comme ayant agi sous la contrainte. Les Tossafot élargissent le domaine de la contrainte à celui qui n’a pas su résister à ses passions qui, dans certains cas, est considéré comme n’étant pas responsable de ses actes.
Le Rav A. I. Kook, premier grand rabbin d’Israël avant la création de l’État, en a déduit des considérations indulgentes à l’égard de la situation qui prévalait de son temps : celle d’enfants qui se détachaient de la pratique des mitzvoth. Il écrit à un père qui lui avait adressé un cri de douleur et de détresse qu’il ne devait pas repousser ses enfants à cause de leur conduite parce qu’ils agissaient ainsi sous la contrainte de l’esprit du temps (Lettre 138) :
« Oui, mon cher, je comprends bien la douleur de votre cœur, mais n’agissez surtout pas comme la plupart de la foule des gens qui étudient qu’il convient, de nos jours, d’abandonner à leur sort ces fils que les courants déchaînés des temps modernes ont écartés de la voie de la Thora et de la foi. Je vous le dis clairement, telle n’est pas la voie voulue par Dieu. Ainsi que l’écrivent les Tossafot (Sanhédrin 26b) quelqu’un qui est soupçonné de conduite dévoyée ne doit pas être disqualifié du droit de témoigner parce qu’il doit être considéré comme ayant agi sous la contrainte de ses passions. De même les Tossafot en Guittin 41b écrivent que la servante les ayant aguichés ils sont considérés comme contraints. Telle est la « méchante servante » des courants modernes qui ont reçu pouvoir du ciel, avant de s’évanouir totalement comme une fumée, qui attire par la séduction de ses charmes beaucoup de nos jeunes gens. Ils sont à tous égards « contraints » et Dieu préserve que nous les considérions comme agissant volontairement. »
Quiconque croit à la spécificité d’Israël ne peut désespérer d’eux, sachant qu’ils finiront par revenir (téchouva), ce pourquoi le Rav Kook conclut :
« Il y a pour tous ceux-là avenir et espoir. L’âme intime de la sainteté d’Israël se dissimule en leur cœur, revêtue de nombre de qualités positives qu’ils possèdent. »
Nous ne devons donc pas condamner autrui, car qui sait ce qui l’a conduit à s’éloigner de la Thora.
Regarder positivement autrui est de nature à l’aider à se relever.
Shaoul David Botschko