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Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Vaye‘hi – Recueil des ossements

Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Vaye‘hi – Recueil des ossements

L’un des sujets de la paracha concerne les funérailles de Jacob. Celles-ci sont décrites comme ayant été effectuées en deux temps. Dans un premier temps, les Égyptiens se sont occupés du corps de Jacob (Genèse l, 2–3) :

« Et Joseph ordonna à ses serviteurs, aux médecins, d’embaumer son père et les médecins embaumèrent Israël. S’écoulèrent quarante jours car tels sont les jours d’embaumement et les Égyptiens le pleurèrent soixante-dix jours. »

Dans un deuxième temps, Jacob a été ramené d’Égypte pour être inhumé dans le caveau de Makhpéla (Genèse l, 13–14) :

« Et ses fils le portèrent au pays de Canaan et ils l’enterrèrent dans le caveau du champs de la Makhpéla, le champ qu’Abraham avait acquis en propriété éternelle de sépulture de ‘Ephron le Hétéen face à Mamré. »

Par le passé, les funérailles se faisaient en deux temps en Eretz Israël. Le défunt était d’abord explicitement inhumé de manière provisoire. Un an plus tard, lorsque les chairs s’étaient consumées, on recueillait les ossements que l’on déposait dans une sorte de sarcophage et on l’enterrait définitivement, habituellement dans une sorte de caverne qui faisait office de caveau familial. Ce mode de funérailles a été codifié dans le Choul‘han ‘Aroukh (Yoré Dé‘a 363, 4) :

« Là où on a coutume d’enterrer dans des fosses (cf. Psaume cxl, 11) sans cercueil, jusqu’à ce que les chairs se consument, et on recueille ensuite les ossements et on les enterre dans un cercueil, c’est permis. »

Ce mode d’enterrement aurait pu résoudre le grave problème des inhumations dans l’État d’Israël. En effet, ce mode là nécessite l’emploi d’espaces beaucoup plus petits : une surface d’un dounam (un peu plus de 900 m²) peut servir actuellement d’emplacement pour environ 300 tombes, alors que l’adoption de l’ancienne coutume permettrait d’y placer 5000 tombes !

Une michna du traité Moëd Qatan fait écho à cette coutume, indiquant qu’elle n’était pas seulement autorisée mais aussi extrêmement répandue.

La michna s’interroge sur la question de savoir si l’on peut pratiquer le recueil d’ossements à ‘Hol ha-Moëd, c’est-à-dire durant la période de demi-fête (Moëd Qatan 1, 5) :

« Rabbi Méir a aussi dit qu’une personne peut recueillir (à ‘Hol ha-Moëd) les ossements de son père et de sa mère car c’est pour lui une joie (d’enterrer ses parents dans le tombeau de ses ancêtres). Rabbi Yossè dit : c’est pour lui un deuil (et il n’y a donc pas lieu de le faire en cette période de joie). »

Il est évident que cela ne porte nullement atteinte à notre foi en la résurrection des morts, car celle-ci, explique Maïmonide, est fondée sur la foi en la création du monde dite « ex nihilo ». Dieu n’a pas besoin de beaucoup d’espace pour ressusciter les morts. Peut-être reviendra-t-on un jour, en Eretz Israël, à l’ancienne coutume des funérailles en deux temps.

Terminons cette étude par l’enseignement talmudique selon lequel notre patriarche Jacob n’est pas mort parce qu’il a des descendants qui poursuivent son œuvre (Ta‘anit 5b) :

« Ainsi, rabbi Yo‘hanan a dit : notre père Jacob n’est pas mort. On lui dit : est-ce donc en vain qu’on l’a embaumé et qu’on a prononcé ses éloges funèbres !? Il répondit : je me contente de lire et d’expliquer les versets. Il est en effet écrit (Jérémie xxx, 10) : “Et toi, ne crains rien, mon serviteur Jacob, dit Hachem, ne sois point alarmé, ô Israël ! car Mon secours te fera sortir des régions lointaines et tes descendants de leur pays d’exil.” Le verset établit une corrélation entre lui et ses descendants. De même que ses descendants vivent, il vit lui aussi. »