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La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Michpatim : Venir en aide

La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Michpatim : Venir en aide

Une des mitzvoth enseignée par la paracha, qui en compte beaucoup, est de soulager un animal qui croule sous sa charge (Chemot xxiii, 5) :

« Verrais-tu l’âne de ton haïsseur croulant sous sa charge et tu ne l’aiderais pas ? Au contraire, tu l’aideras, tu aideras avec lui. »

Ce verset présente quelques difficultés que les Sages ont soulignées. Elles n’apparaissent pas dans notre traduction, nous allons donc la reprendre partiellement. « Si tu vois l’âne de ton haïsseur croulant sous sa charge, tu ne l’aideras pas… » Rachi précise : c’est une question ! tu ne l’aideras pas ? N’imagine pas que tu puisses ne pas l’aider !

Le verbe que nous traduisons par « aider » signifie littéralement « abandonner », c’est-à-dire juste le contraire. Rachi précise là encore : ce verbe signifie ici « aider ». Et il cite à témoin plusieurs versets qui l’attestent.

Mais pourquoi le verset doit-il être si ambigu ?

Nos Sages enseignent que c’est parce qu’il peut y avoir des cas où il serait permis de ne pas venir en aide. Par exemple, dans le cas d’un vieillard, eu égard à sa dignité. Maïmonide légifère en ce sens, mais avec une réserve (Règles du meurtrier et de la préservation de la vie 13, 3–4) :

« S’il s’agit d’un vieillard dont ce n’est pas le fait de charger et décharger eu égard à sa dignité, il est quitte. Voici le principe : quiconque chargerait et déchargerait sa propre bête a l’obligation de venir en aide à son prochain. Et s’il est un ‘hassid[1] qui agit au-delà de son devoir, même s’il est un haut dignitaire et qu’il voit l’animal de son prochain croulant sous sa charge de paille ou de branches, ou toute charge similaire, il lui viendra en aide. »

La Thora a donc écrit ce verbe avec un point d’interrogation virtuel. Tu n’es pas obligé, mais pourtant c’est ce qu’il convient de faire.

Et pourquoi dire « aider » en usant d’un verbe qui peut signifier le contraire ? Rabbi Samson Raphaël Hirsch explique qu’une aide efficace, une bonne aide, c’est lorsque celui qui est aidé n’en a plus besoin et qu’on peut maintenant le laisser se débrouiller seul. Autrement dit, le texte sous-entend qu’il faut aider jusqu’à ce point-là. Et alors on se retire discrètement, pour que la personne aidée n’ait pas à dire « merci ».

Il existe encore un troisième point. Le verset parle de l’âne non pas d’un ami, mais au contraire de quelqu’un qui ne vous aime pas. Le premier réflexe serait donc de passer son chemin, comme le laisse entendre le verset : « tu t’empêcheras de l’aider. » Certes, c’est bien ce qui peut nous passer par la tête. C’est pourquoi la Thora dit : non ! Ce n’est pas une affirmation, mais une question ! « Tu t’empêcheras de l’aider ? » Ne suis pas ton premier mouvement, mais va l’aider. Tu dois transformer l’abandon en aide et agir avec lui.

Peut-être cela mettra-t-il fin à l’inimitié ?


[1]  Il n’existe pas de mot en français pour traduire ce terme. Il est construit sur le substantif ‘hessed qui signifie bonté, générosité, grâce (au sens d’être gracieux). Le ‘hassid est donc une personne dont le sens moral lui dicte une conduite altruiste.