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Rav Shaoul David Botschko – La mitsva de la paracha : Parachat Chlakh Lekha – Le sens d’une prière

Rav Shaoul David Botschko – La mitsva de la paracha : Parachat Chlakh Lekha – Le sens d’une prière

« Je le frapperai par l’épidémie et Je l’exterminerai »[1]
C’est par ces mots redoutables que D-ieu annonce à Moïse Sa décision de détruire le peuple d’Israël. Moïse se lance alors dans une vibrante plaidoirie pour le sauver…
« Les égyptiens sauront ce qui sera advenu de ce peuple que Tu as fait sortir de leur pays; ils savent déjà que Tu es Hachem qui Réside au sein de ce peuple, que ce peuple T’a contemplé face à face et que Ta nuée se dresse pour le protéger et que Tu le guides le jour par Ton nuage et la nuit par une colonne de feu. Ils diront alors à propos des habitants du pays de Canaan que si Tu as exterminé ce peuple là, c’est par ce que Tu n’avais pas le pouvoir de les amener sur la terre que Tu avais promise à leurs ancêtres… »[2].
Ce dialogue poignant a eu lieu après que les enfants d’Israël aient refusé de se diriger vers le pays de Canaan pour le conquérir.
Le plaidoyer de Moïse comprend deux arguments: l’un, le Nom de D-ieu serait profané si le peuple juif venait à disparaître; l’autre, c’est l’amour de D-ieu pour Israël qui se traduit par la sollicitude qu’Il lui a témoigné lors de la sortie d’Egypte, le protégeant et le guidant. Certes, les deux arguments sont intimement liés : plus D-ieu est proche d’Israël, plus grande serait la profanation de Son Nom si Hachem décidait de l’exterminer. Toutefois le deuxième argument est à double tranchant. En insistant tant sur tous les bienfaits que D-ieu a prodigué à Israël, Moïse se transforme en accusateur : Quelle ingratitude ! Quel manque de foi et de confiance ! Comment Israël a-t-il pu douter de D-ieu après tous ces témoignages d’affection ? La faute d’Israël n’en devient que plus grave encore.
Une Guemara[3] éclaire le propos de Moïse :
D-ieu dit au prophète Osée : « Tes enfants (le peuple d’Israël) ont fauté ».
Osée répondit à D-ieu : « Echange les avec une autre nation ! »
D-ieu s’écria : « Que dit donc ce vieillard ? De Me séparer de Mon peuple ! Il aurait dû les défendre et dire : « Non ! Ce ne sont pas mes enfants, mais les tiens, les descendants des patriarches bien aimés qui Te sont restés fidèles en toutes circonstances ». »
Alors D-ieu décida de donner une leçon à Osée. Il lui intima l’ordre de se marier avec une prostituée. Il eut d’elle trois enfants. Le premier, un garçon, Osée dut le nommer Jezréel, nom qui fait allusion à la dispersion, punition à laquelle Israël devait être condamné.
Puis, il eut une fille qu’il dut nommer Lo Rou’hama, « pas de pitié », nom qui fait allusion aux tragiques souffrances qui s’abattront sur Israël exilé. Enfin un dernier fils qu’il dut nommer Lo Ami, « il n’est pas Mon peuple », symbole du divorce qui devrait séparer Israël de D-ieu.
Après qu’Osée eut mis au monde ces trois enfants, D-ieu lui intima l’ordre de divorcer et de chasser ses enfants.
Osée ne put se résoudre à cette extrémité. Il le dit à D-ieu.
D-ieu lui rétorqua : « Osée, voici que tu es marié à une prostituée et quant à tes enfants tu n’es même pas sûr qu’ils soient vraiment les tiens et malgré cela tu n’as pas le courage de te séparer d’eux et Moi tu veux que Je Me sépare de Mes enfants !
Osée comprit la leçon et prononça alors de merveilleuses paroles de consolation :
Au lieu de dire: « vous n’êtes plus Mon peuple », l’on dira « les fils du D-ieu Vivant » … et les fils d’Israël et de Juda se rassembleront et se choisiront un seul chef et ils monteront vers leur pays car grand est le jour de Jezréel, le jour du rassemblement…[4] Et J’aurai pitié de Lo Rou’hama et je dirai à Lo Ami, tu es Mon peuple et il dira enfin : « Mon D-ieu »[5].
Ce texte d’Osée commenté par la Guemara explicite la relation toute particulière entre D-ieu et Son peuple : même s’il a fauté, le Tout Puissant lui garde Son affection.
En effet, les trois enfants d’Osée représentent les trois étapes de l’aliénation. La première est l’exil qui éloigne Israël de la terre de D-ieu, la seconde, ce sont les souffrances et les persécutions qu’Israël doit endurer en terre étrangère. Le paroxysme est atteint lorsque le peuple juif est tellement humilié qu’il n’est plus reconnu comme le peuple de D-ieu. Il est devenu méconnaissable.
D-ieu n’a alors plus qu’à choisir un autre peuple. Mais il n’en sera rien, enseigne D-ieu à Osée. N’est-ce pas, lui dit-Il que toi-même tu n’es pas prêt à renoncer à ta femme et à tes enfants quel que soit leur degré d’étrangeté: femme infidèle et enfants douteux ?
C’est à dire que le lien du Tout Puissant avec Israël est un lien d’amour, tant marital que filial. Le mari s’unit à son épouse qui devient partie de sa chair et ses enfants sont porteurs de ses gênes, et quelle que soit leur conduite ce sont ses enfants.
Dans ces paroles de consolation, Osée traduit la pensée de Moïse : « ce peuple T’a contemplé face à face », comme un époux observe sa bien aimée; « Tu l’as protégé et Tu l’as guidé » comme un père protège et guide ses enfants. Tu ne peux pas t’en séparer !
Osée n’avait pas compris le fondement de la relation entre D-ieu et Israël. Pour lui, Israël n’était que l’instrument par lequel D-ieu opère dans l’histoire et si l’instrument est abîmé, il faut en prendre un autre. Mais Israël est bien plus que cela. Il est – pour utiliser une expression du Zohar – « ‘Helek Eloka Mimaal », comme une part du D-ieu Très Haut.
Finalement, Osée a bien compris la leçon de D-ieu : la première étape dans le rétablissement des bonnes relations entre l’Eternel et Israël est de proclamer que celui-ci est à nouveau appelé : « Mon peuple ». Aussi, lorsque les exilés de Sion retournent dans leur patrie, première étape qui concrétise le lien toujours vivant et affectueux, on sait que ce n’est que la conséquence du dévoilement de ce qui n’avait jamais cessé de rester vrai : Israël est le peuple de D-ieu. C’est cela le jour de Jezréel, nom du premier enfant d’Osée qui de symbole d’exil est devenu symbole du rassemblement.
La fille d’Osée change son nom : « D-ieu prend en pitié son peuple » et c’est là la fin des persécutions. Avec l’écroulement du communisme et la timide ouverture en Syrie, il semble que tous les juifs de la terre soient libres de pratiquer la Thora et les Mitsvot et de s’installer en Israël.
C’est bien l’époque de la fin des persécutions que nous vivons, c’est bien l’époque où lo Rou’hama est redevenue Rou’hama.
Nous entrons donc dans la troisième étape de la délivrance, celle où nous serons appelés, dans le plein sens du terme Ami, « Mon peuple », étape où nous saurons répondre à l’amour de D-ieu en proclamant haut et fort : « Mon D-ieu »

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[1] Nombres 14, 12
[2] Nombres 14, 13 à 16
[3] Pessa’him 787a
[4] Osée 2, 1 et 2
[5] Osée 2, 25

 

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