Rav Nahum Botschko : Be’houkotai – « Si vous suivez mes lois »
Selon nos Sages, par le mérite du respect de la Torah et de l’application des commandements, chaque juif bénéficie du monde futur et de la résurrection des morts. Cette foi est enracinée dans le cœur de chaque juif croyant, et tout celui qui la dénigre s’exclut de l’ensemble d’Israël (Sanhedrin, chap. h’elek, mishna 1). Pourtant, bien que ce principe soit un des fondements de la foi, il est surprenant de constater qu’il n’est pas mentionné explicitement dans la Torah. Au début de notre parasha, la Torah annonce quelle est la récompense de ceux qui l’observent et nous attendons qu’elle mentionne le monde future, mais la Torah ne fait pas état de salaire dans l’au delà!
Quelle récompense promet la Torah? L’abondance de biens dans ce monde: « des pluies en leur saison… vous mangerez votre pain à satiété »; la sécurité totale: « vous habiterez en sécurité dans votre pays… Je mettrai la paix dans le pays… », et la promesse de la présence divine: » Je me tournerai vers vous… J’établirai ma demeure au milieu de vous… Je marcherai parmi vous ». Le monde futur pour chacun n’est nullement mentionné – et il faut comprendre pourquoi!
Afin d’expliquer cela, je citerai les propos de mon grand-père et maitre: « L’objectif du juif solitaire en exil est le monde futur, celui du peuple d’Israël sur sa terre est le monde présent » (pour plus de précisions voir ‘Heguionné Moché’ p.345). Le rav Moché Botschko enseigne qu’il faut distinguer le rôle de l’individu et la fonction de la nation.
La mission du peuple d’Israël dans le monde est d’être « une nation de prêtres et un peuple saint » et de faire connaître le nom de Dieu de par l’univers. Cette visée est atteinte par des actions remarquables dans tous les domaines: social, économique, culturel, technologique, scientifiques etc.… lorsque le tout est fondé et guidé selon notre sainte Torah. Une telle réussite démontrera à tous les peuples de la terre que Dieu est avec nous, et ils en viendront à Le craindre et Le servir.
Chaque individu est tenu de vénérer Dieu et d’accomplir avec ferveur tous les commandements qui lui incombent, mais sans agir pour lui-même seulement mais comme une partie de l’ensemble d’Israël. De même, un juif qui s’exclut du groupe et accomplit une loi « pour lui-même », est considéré comme un vrai mécréant, comme l’écrit le Rambam (Hilh’ot Tshuva, 3, 11) : « Celui qui se sépare de la communauté, même s’il n’a pas fauté… n’aura pas sa part dans le monde futur ».
Lorsque la Torah mentionne le « salaire des commandements », elle ne destine pas ses propos à l’action de l’individu, mais justement à l’ensemble de la nation. La situation parfaite et idéale pour le peuple juif est dans la prospérité et la réussite dans ce monde-ci, quand la nation entière se trouve sur sa terre, avec une puissance politique, économique et morale, et peut de la sorte guider le monde vers le droit chemin, et le restaurer dans le royaume de Dieu. Bien entendu, le salaire de l’individu lui est assuré – « loyal est le maitre de ton œuvre, il te paiera le salaire de ton agissement » – mais la Torah destine ses paroles à l’ensemble de la nation et à sa mission sur terre.
Pour compléter cette idée, rapportons les propos du rav Kook: « Pour parvenir à cette aspiration il faut justement que ce peuple détienne un état politique et social, et trône en haut de la civilisation humaine – un peuple sage et érudit et une grande nation » (Orot p. 104).
En ces jours où nous célébrons les 60 ans de notre chère Etat, efforçons nous tous d’ajouter, chacun selon ses talents et ses compétences, un niveau de plus dans la construction de notre délivrance.