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Rav Nahum Botschko : Bé‘houkotaï – « Marcher, garder et faire »

Rav Nahum Botschko : Bé‘houkotaï – « Marcher, garder et faire »

La paracha commence par le verset bien connu :
« Si vous marchez dans Mes lois et si vous gardez Mes commandements et que vous les faites… » (Lévitique 26, 3)
Pourquoi trois verbes pour – apparemment – une même idée ? Sont-ils synonymes ? Que nous apprennent-ils chacun ?

Rachi précise :
Si vous marchez dans Mes lois – peut-être s’agit-il de l’accomplissement des commandements ? Le texte disant « si vous gardez mes commandements », leur accomplissement est déjà présent dans le verset. Comment je rends compte de « si vous marchez dans Mes lois » ? [En lisant] « que vous vous adonniez au labeur de la Thora ».

Sifté Hakhamim[1] avait semble-t-il devant lui une version un peu différente du commentaire de Rachi :
Si vous marchez dans Mes lois – peut-être s’agit-il de l’accomplissement des commandements ? Le texte disant « et que vous les faites », leur accomplissement est déjà présent dans le verset. Comment je rends compte de « si vous marchez dans Mes lois » ? [En lisant] « que vous vous adonniez au labeur de la Thora ».
Le Sifté Hakhamim explique donc ainsi les propos de Rachi :
« Marchez dans Mes lois » désigne simplement le labeur de Thora. « gardez Mes commandements », c’est ce même labeur mais en vue de garder et de réaliser. « et que vous les faites », c’est leur accomplissement effectif.
Il ressort donc des propos de Rachi ainsi lus qu’il existe deux aspects au labeur de Thora : le simple labeur et le labeur en vue de l’accomplissement.

Le labeur en vue de l’accomplissement – sans une étude appropriée, l’accomplissement des commandements peut se trouvez « dévoyé ». C’est en ce sens que rabbi Hayim ben Attar, l’auteur du célèbre commentaire Or HaHayim que les communautés d’Israël ne mentionnent pratiquement jamais autrement que « le saint Or HaHayim », écrit (§ 6) :
« L’ignorant ne peut être pieux » (Avot 2, 5), ce qui veut dire qu’il est interdit à l’ignorant de se conduire avec des attitudes de piété qu’il s’imposerait à lui-même par excès de précautions et de sévérité. En effet, il en viendrait, par exemple, à ne vouloir honorer son épouse que dans les plus exigeantes conditions de sainteté, donc la nuit de Kippour, ce qui est formellement interdit. C’est cela qu’Hachem énonce ici : “si vous marchez dans Mes lois”, qui vise l’occupation à la Thora, alors vous serez en mesure de “garder mes commandements”, vous vous ferez des mesures de protection pour les préserver et veiller sur eux, et pas autrement. »

Le simple labeur, est indicatif de la différence entre la sagesse de la Thora et les autres sagesses. Dans ces autres sagesses, le but est le résultat, à savoir la connaissance, laquelle est utile à divers titres : promouvoir de nouveaux systèmes, réussir des examens, etc. De même, celui qui a étudié quelque sujet et le connaît parfaitement, n’a plus besoin d’y revenir et l’étudier à nouveau. L’étude de la Thora, quant à elle, voit les choses différemment. L’étude elle-même a son importance et pas seulement le résultat, la connaissance. La preuve en est que nous avons l’obligation de répéter jusqu’à cent une fois l’étude du même passage, même si nous en connaissons déjà par cœur les moindres détails.
La raison en est que notre sainte Thora est la Parole du Saint béni soit-Il et par notre étude nous assistons et participons au dévoilement de son Nom dans le monde. Notre personne s’élève de degré en degré en perfection, comme l’écrit rabbi Mochè Hayim Luzzatto (Derekh Hachem, 1ère partie, chapitre 4, § 9) :
« il est de la spécificité de ces choses que celui qui les étudie en sainteté et pureté avec l’intention adéquate – qui est de réaliser Son désir Se bénisse Son Nom – se renforcera en lui par elles un degré supérieur, et une perfection extrêmement grande. »

Plus encore, Rachi et les commentateurs soulignent le fait qu’il est question ici de « labeur », le labeur de la Thora. Pourquoi est-ce à ce point fondamental ? Pourquoi est-il si important que le Juif s’adonner au labeur de la Thora ? On pourrait dire que celui qui a été élevé et éduqué dans l’atmosphère de la Thora et des mitzvoth peut, par habitude, pratiquer les mitzvoth de manière superficielle et même étudier et acquérir un savoir de Thora mais qui restera superficiel, qui ne deviendra pas une dimension propre de son être.

Par contre, celui qui s’adonne au labeur de la Thora, c’est-à-dire qu’il s’efforce d’étudier avec ardeur et le fait uniquement pour le fait de l’étude et pour aucune autre finalité, comme pour en être honoré, pour obtenir une position sociale, du pouvoir, de l’argent, un titre, une emprise, etc. De cette façon, son étude exprime son profond attachement à la Thora, à Dieu et au peuple d’Israël.

Terminons par les propos du rabbi de Slonim (Nétivoth Chalom, Béhouqotaï, 1er exposé, § 3) :
« Ce que Rachi a écrit, “que vous vous adonniez au labeur de la Thora”, signifie que le seul moyen par lequel le Juif peut en arriver à ce que toutes ses démarches soient exclusivement vouées “au Nom des cieux” c’est par le labeur de la Thora… Il s’agit de ce que les commentateurs ont expliqué à propos du verset : “pourquoi la terre s’est-elle perdue… c’est parce qu’ils ont abandonné Ma Thora” à savoir qu’ils ne se sont pas adonnés au labeur de la Thora et que de ce fait “ils n’ont pas écouté Ma voix et n’ont pas marché selon elle”.

Pour n’avoir pas fait les efforts que la Thora exige, ils n’ont pas marché dans la voie de la Thora, car on ne parvient à la voie de la Thora que par le labeur ; en effet, le labeur de Thora purifie le Juif de telle sorte que toutes ses démarches et ses affaires matérielles soient vouées au Nom des cieux. »
Traduit par Rav E. Simsovic
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[1] Rabbi Chabtaï Bass, 1641-1718. Né en Pologne, il migre à l’âge de quinze ans à Prague, ses parents ayant été tués au cours de la guerre entre la Russie et la Suède. Il y étudie le Talmud et les sciences et exerce, semble-t-il, la profession de ‘hazan qui lui vaut le surnom de « chantre ». Son commentaire sur Rachi est devenu très populaire et il est généralement publié à côté de celui de Rachi dans toutes les éditions de Miqraoth Guédoloth.

 

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