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La paracha dans le midrach par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Vaye’hi : Unité d’Israël par-dessus tout

La paracha dans le midrach par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Vaye’hi : Unité d’Israël par-dessus tout

Jacob donne à Joseph une ville en Israël, la ville de Chekhem (Beréchit xlviii, 22) :

« Et moi, je t’ai donné Chekhem en plus de [ce que j’ai donné à] tes frères, que j’ai prise de la main de l’Amoréen avec mon glaive et avec mon arc. »

Rachi, se fondant sur le Midrach (Beréchit Rabba 80, 10), indique :

« Le mot chekhem (qui signifie une part) est à prendre ici à la lettre : il s’agit effectivement de la ville de Chekhem, qui te sera attribuée en supplément par rapport à tes frères. »

Mais quand donc Jacob a-t-il bataillé pour Chekhem ? Ne sait-on pas que ce sont Chime‘on et Lévi qui ont passé les habitants de la ville au fil de l’épée ? Rachi poursuit :

« Lorsque Chime‘on et Lévi ont tué les gens de Chekhem, tous ceux d’alentour se sont ligués contre eux et Jacob a pris les armes pour les combattre. »

Chime‘on et Lévi ont pris tous les risques en faveur de leur sœur Dina. Certes, Jacob s’est opposé sévèrement à leur action meurtrière, comme la paracha le rapporte (Beréchit xlix, 5) :

« Chime‘on et Lévi sont frères, instruments de violence, leurs armes. »

Rachi dit à ce propos :

« Cet art du meurtre, vous l’avez usurpé ! Il vient de la bénédiction d’Ésaü. C’est son art et vous le lui avez usurpé. »

Et, afin qu’aucun doute ne subsiste, le verset suivant précise :

« Que ma personne ne pénètre pas leur secrets ! Que mon honneur ne soit pas complice de leur alliance ! Car, dans leur colère, ils ont tué homme et par leur volonté ils ont castré un taureau. »

Rachi dit que « homme » désigne ‘Hamor, le roi de Chekhem et les gens de sa ville, tués par Chime‘on et Lévi. Jacob prie pour se dissocier complètement de la conduite de ses fils : « Que ma personne ne pénètre pas leur secrets ! »

Malgré le grave préjudice subit par Dina, préjudice qu’il fallait punir sévèrement, le meurtre de tous les habitants de la ville était injustifiable. Aux yeux de Jacob, une telle conduite barbare est interdite aux Enfants d’Israël.

Mais pourquoi donner Chekhem à Joseph ? C’est parce que Jacob reconnaît l’étroite analogie entre le meurtre des habitants de Chekhem et l’intention de tuer Joseph. En effet, Jacob dit pratiquement d’un même souffle « Car, dans leur colère, ils ont tué homme et par leur volonté ils ont castré un taureau », le taureau représentant Joseph. En effet, lorsque certaines valeurs morales fondamentales font défaut, on se trouve sur une pente dangereusement glissante jusqu’à pouvoir porter atteinte à son propre frère. Celui qui agit avec violence contre des étrangers finit par agir de même avec ses frères. Pour rappeler ce principe, Jacob prend Chekhem à ses fils et le donne à Joseph.

Remarquons bien que lorsque son peuple est en danger, Jacob lutte pour le sauver. Exiger de se conduire avec humanité avec autrui ne signifie pas renoncer à ses droits, voire au prix de sa propres vie. Certainement pas. Malgré la conduite que Jacob critique, quand Israël est attaqué à cause de cette même conduite, Jacob lui-même prend les armes pour le défendre contre ses ennemis. Ce qui compte par-dessus tout, c’est l’unité d’Israël !