La paracha dans le midrash par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Vayigach : Jacob récite le Chema
Après une séparation de plus de vingt ans, Jacob descend en Égypte rejoindre son fils. La Thora raconte que « Joseph alla à la rencontre de son père et qu’à sa vue, il se précipita à son cou et pleura longtemps dans ses bras »[1].
C’étaient vraisemblablement des pleurs de joie et d’émotion, mais la Thora ne raconte pas que Jacob pleura, lui aussi (Voir Derekh Eretz Zouta, 1). Rachi éprouve donc le besoin d’expliquer :
« Il proclamait la profession de foi du “Chema Israël” : Écoute Israël, Hachem est notre Dieu, Hachem est Un. »
Joseph est aux bras de son père et pleure d’émotion, mais le patriarche Jacob est ailleurs. Sa joie n’est pas entière. Certes, il voit son fils, mais en Égypte. Cette rencontre, au-delà de la joie des retrouvailles, risquerait donc d’être tragique, si elle devait marquer la fin du rêve de l’installation hébraïque en Eretz Israël. Certes, toute la famille est maintenant réunie, mais en terre d’exil. Il n’y a donc pas vraiment lieu de se réjouir.
Jacob, en cet instant de retrouvailles, met toutes ses forces dans sa foi en le Dieu Un, maître de l’histoire, qui seul pourra faire sortir le peuple d’Israël d’Égypte. Il témoigne par là du fait que l’unité de Dieu implique aussi la cohérence de l’histoire. Si l’histoire exige maintenant cette étape, elle ne saurait être que provisoire et assurément viendra le temps du Retour, comme Dieu le lui a annoncé[2].
La profession de foi du « Chema » de Jacob exprime avec force que toute « descente », aussi dure soit-elle, peut être transfigurée en étape vers la remontée et la Délivrance.
[1] Genèse 46, 29.
[2] Genèse 46, 4 : « Moi-même, Je descendrai avec toi en Égypte ; Moi-même aussi Je t’en ferai remonter… »