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Kora‘h – Trois portes ouvrant sur la géhenne(1) et leur signification

Kora‘h – Trois portes ouvrant sur la géhenne(1) et leur signification

Rav Nahum Botschko

 

Qora‘h et les siens se sont dressés contre Moïse et la paracha fait état du châtiment effroyable qu’ils ont subi : la terre s’est ouverte et les a engloutis corps et biens et « ils descendirent eux et tout ce qu’ils possédaient vivants au chéol. » (Nombres 16, 33)
Le Talmud (Erouvine 19a) dit à ce sujet : « Rabbi Yirmeya ben Eliézer a enseigné : la géhenne comporte trois portes. Une dans le désert, une dans la mer et une à Jérusalem. Dans le désert, ainsi qu’il est écrit : “ils descendirent eux et tout ce qu’ils possédaient vivants au chéol”. Étonnant enseignement, que la géhenne ait trois entrées ! et plus encore leur emplacement : désert, mer, Jérusalem... Que signifie donc tout cela ?
Pour tenter de le comprendre, acceptons de suivre le Maharal de Prague dans une plongée vertigineuse dans le monde du sens. Dans son livre consacré à la sortie d’Égypte (Guévourot Hachem, chapitre 47), le Maharal écrit que la Thora rapporte par trois fois que les Enfants d’Israël ont eu foi ; ces trois occasions, dit-il, désignent trois principes fondamentaux de la foi d’Israël :
1. Lorsque Moïse est venu en Égypte leur annoncer la délivrance prochaine, il est écrit (Chémoth 4, 31) : « et le peuple eut foi. »
2. Lors de la « déchirure de la mer Rouge » il est écrit (Chémot 14, 31) : « et ils eurent foi en Hachem… » 3. Lors de l’Événement du Sinaï, il est écrit (Chémot 19, 19) : « Voici, Je viens à toi dans l’opacité de la nuée… et en toi aussi ils auront foi pour toujours. »
Ces trois occurrences concernent donc les trois certitudes de la foi d’Israël :
1. La foi en la Providence divine spécifique dont bénéficie Israël, qui s’exprime en particulier dans la délivrance de la servitude d’Égypte.
2. La foi dans le fait que Dieu a créé le monde et ne l’a pas abandonné, la déchirure de la mer en étant une preuve : il y fut montré qu’Il est le Maître et Seigneur du monde agissant sur la réalité même après la Création, transformant à Son gré la mer en terre ferme. 3. La foi dans la Révélation de la Thora en tant qu’elle vient du ciel : au Sinaï Il S’est révélé à Son peuple et lui a donné Sa Thora.
Qui ne parvient pas à comprendre et à intégrer ces trois dimensions de foi et à vivre par elles vit en ce monde une existence infernale parce que son âme est loin de son Créateur et qu’il est coupé de la source de sa vie.
Reprenons, à partir de là, l’enseignement talmudique cité plus haut, concernant les portes de la géhenne : La Thora a été donnée à Israël dans le désert. Celui qui n’y croit pas se trouve dans le désert à la première porte de la géhenne. Au passage de la mer fut montrée la souveraineté de Dieu créateur et celui qui n’y croit rencontre dans la mer la deuxième porte de la géhenne.
À Jérusalem s’exprime la Providence particulière du Saint béni soit-Il en faveur d’Israël, ainsi que le chante la prophétie d’Isaïe (62, 10) : « sur tes remparts, Jérusalem, J’ai posté des gardiens, tout le jour et toute la nuit. » Après deux mille ans d’exil notre génération a eu le privilège de voir se réaliser à Jérusalem, jusque-là presque totalement en ruines, la vision des prophètes : « vieux et vieilles seront encore assis dans les rues de Jérusalem et l’homme, sa canne à la main à cause de son grand âge, et les rues de la ville s’empliront de petits garçons et de petites filles jouant dans ses rues. » (Zacharie 8, 4-5) Maïmonide, on le sait, fait référence à treize articles de foi, mais certains auteurs les ont condensés.
Par exemple, rabbi Yossef Albo en compte trois dans son Livre des Principes : La foi en l’existence de Dieu, la foi en la Thora céleste et la foi en la rétribution, récompense et châtiment. Ces trois principes sont parallèles aux trois fondements de la foi du Maharal. Le parallèle entre la foi en la Providence et la foi en la rétribution indique qu’il y a dans la réalité des degrés et des différences entre le saint et le profane, entre Israël et les nations, entre le bien et le mal et récompense et châtiment sont fixés en conséquence.
Le Maharal, fidèle à sa méthode, nous a permis de comprendre la profondeur des enseignements de nos Sages, lesquels enseignements peuvent parfois nous paraître très étranges. Ce qui nous permet du même coup de renvoyer aux oubliettes les propos de certains personnages contemporains qui du haut de leur intelligence infinitésimale profèrent des âneries sur la sagesse insondable de la tradition d’Israël.
Quand le sage montre les étoiles, les imbéciles ne voient que ledoigt.
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(1 )« Géhenne », comme « chéol » ci-après sont souvent traduits par « l’enfer » ou même « les enfers ».

Traduit par Rav E. Simsovic

 

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