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Vaeth’anan – Don de soi

Vaeth’anan – Don de soi

Rav Nahum Botschko
La paracha contient un verset qui se trouve sur toute lèvre juive, même de celle qui ne se compte pas au nombre des pratiquants : « Écoute, Israël, Hachem notre Dieu, Hachem est Un[1]. »
La halakha prescrit à chaque Juif de réciter quotidiennement la profession de foi du « Chema Israël », soir et matin, profession de foi dont le contenu est l’affirmation de l’Unité de Dieu et l’acceptation sur soi de Sa souveraineté. Nous nous devons de prolonger ledaleth qui termine le mot ehad (Un, en hébreu), avec l’intention, ce faisant, de faire don de sa personne pour la sanctification du Nom.
La notion de « don de soi » revient encore dans le verset suivant : « Tu aimeras Hachem ton Dieu de tout ton cœur et de toute ta personne… ». Rabbi Aqiba a expliqué : « même au prix de ta personne » et il a lui-même tenu cet engagement. Ce qui signifie que notre amour pour Dieu et la reconnaissance de Sa souveraineté doivent atteindre une plénitude telle que nous soyons prêts, le cas échéant, à donner notre vie pour elles.
On pourrait croire que « le cas échéant » se rapporterait à des situations exceptionnelles : celle du soldat qui participe aux guerres d’Israël ou, à l’extrême opposé, du Juif en butte aux persécutions qui ont été le lot de tant de générations par le passé. En est-il vraiment ainsi ?
Le Talmud, dans le traité H’aguiga[2], cite le verset[3] : « …et vous verrez (à l’avenir, la différence existant) entre le juste et le méchant, entre le servant de Dieu et celui qui ne l’aura pas servi » et s’interroge sur la redondance qu’il contient, ce qui conduit Hillel à préciser : le servant de Dieu et celui qui ne l’aura pas servi sont tous deux des justes parfaits ; mais il y a toutefois des degrés dans le service de Dieu et celui qui a repassé cent fois son étude ne peut se comparer à celui qui l’a repassée cent une fois, ce dernier servant Dieu à un niveau par rapport auquel le premier est comme s’il ne l’avait pas servi.
« Cent fois » représente une perfection de l’étude et un effort louable à son service. Cela étant, « cent une fois », avec l’effort supplémentaire, en quelques sortes surhumain, qu’il implique, qui prouve jusqu’où peut atteindre l’abnégation au service de Dieu. On pourrait comparer cela à la marche épuisante d’un soldat qui voit enfin la ligne d’arrivée et, lorsqu’il l’atteint, prêt de s’écrouler de fatigue, s’entend dire par ses supérieurs qu’en fait la ligne d’arrivée a été déplacée et qu’elle se trouve encore à deux kilomètres. Et le voici qui, sans sourciller, se remet en marche. Ainsi celui qui s’est fixé, par exemple, deux heures d’étude et qui, le terme venu, continue d’étudier, montrant à quel point la chose est importante pour lui. De même, lorsque quelqu’un demande à un ami de lui rendre un service à un moment qui ne lui convient guère, et que celui-ci surmonte son désagrément et lui apporte son aide de bonne grâce, prouvant qu’il est prêt à se dépasser pour le bien d’autrui.
Ce qui nous apprend que nous pouvons au jour le jour nous trouver confrontés à des situations qui nous demandent d’aller au-delà de l’habitude, que ce soit dans les relations à Dieu ou dans nos rapports à autrui, repoussant ce que nous croyions être les limites de nos forces, et nous rendant meilleurs que nous n’étions. Faire le bon choix, avec dévouement et persévérance nous permettra, avec l’aide de Dieu, de parvenir au niveau du don de soi dans notre vie de tous les jours.

Traduit et adapté par R.E.Simsovitch


[1] Deut. vi, 4.

[2] Folio 9b.

[3] Malachie iii, 18.

 

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