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Terouma – Doit-on déchirer son vêtement devant le Temple détruit ?

Terouma – Doit-on déchirer son vêtement devant le Temple détruit ?

Rav Shaoul David Botschko

 

Rabbi Eleazar dit : celui qui voit le temple détruit doit dire: "notre Maison Sainte, notre Gloire, dans laquelle nos ancêtres t'ont loué, a été la proie des flammes. Notre plus beau trésor est devenu une désolation", et il doit déchirer son vêtement[1]. Aussi, depuis des siècles, tout celui qui s'approche du Kotel, après une longue absence, déchire son vêtement.
Cette déchirure symbolise le deuil que nous portons pour le Temple de Jérusalem. En effet, celui qui apprend qu'un proche parent est mort déchire son vêtement, et, pour nous, la destruction du Temple équivaut à la perte d'un ëtre très cher.
Les décisionnaires contemporains se sont posés la question si, de nos jours, après que le peuple juif ait recouvré son indépendance, cette loi avait toujours cours.
Le Rav Haïm David Halévy, dans son livre, Mekor Haïm, tranche qu'aujourd'hui il n'est plus nécessaire de déchirer son vêtement, car soutient il, entre autres arguments:
"Le Temple était effectivement un endroit très important pour le service divin, mais la pérennité du peuple juif et la pérennité de sa Thora ne dépendent pas du Temple. N'est ce pas que Rabbi Yohanan Ben Zakaï avait préféré Yavné et ses sages à Jérusalem et son Temple. La perte religieuse dùe à la destruction du Temple et à l'interruption du service des sacrifices a été remplacée par l'étude de la Thora et par ses prières, comme dit le verset : "ce sont nos lèvres qui apportent les sacrifices".
Aussi le deuil, les pleurs, la souffrance, de même la déchirure obligatoire sont la conséquence de la perte de l'indépendance dont le Temple est le symbole. C'est pourquoi, aujourd'hui, alors que nous avons enfin recouvré notre indépendance, que notre peuple connaît un pouvoir qu'il n'avait pas connu même dans les périodes les plus fastes de son histoire, il s'avère que la destruction du Temple a perdu de sa portée. Certes , il demeure la perte d'un endroit important pour le service divin pour lequel Israël perpétuera le souvenir du jour de sa destruction le 9 Av,[2]mais il est possible qu'il n'est plus nécessaire de déchirer son vêtement chaque fois que l'on voit cet endroit dans sa destruction" Dans ce texte, Rav Haïm David Halévy développe deux points :
le Temple tout en étant important n'est pas essentiel pour le peuple juif, l'étude de la Thora et la prière peuvent le remplacer.
Le Temple représente l'indépendance nationale.
Je crois que les Parachiot de ces semaines là nous enseignent que cette analyse est discutable, comme l'exprime le verset : "Ils me construiront un Tabernacle et Je résiderai parmi eux".
Ainsi Le Tabernacle est bien plus qu'un joyau, symbole de l'Etat, mais il est témoignage de la Réalité de la Présence divine au sein du peuple.
La construction du Tabernacle est donc la finalité à laquelle doit amener le développement spirituel et matériel du peuple juif. Nous devons créer une société au sein de laquelle D ieu a la "place d'honneur": "Ils me feront un Tabernacle et Je résiderai parmi eux"[3].
En créant l'univers, D ieu créa une maison pour l'homme. Le Tabernacle, lui, est la maison que l'homme crée pour D ieu dans ce monde. Ainsi pour connaître la liste exhaustive des travaux interdits Chabbat, nos sages enseignent que ce sont toutes les activités nécessaires pour construire le Temple, dont la construction résume donc la somme de toutes les activités créatives[4].
Sa destruction est le constat de l'éloignement de la présence divine. C'est l'échec de notre mission qui est de sanctifier l'univers que D'ieu a remis entre nos mains afin de le rendre habitable par Lui.
C'est pourquoi le Talmud dit :
"toute génération durant laquelle le temple n'a pas été reconstruit, doit considérer qu'il a été détruit à son époque"[5].
Tant que le Temple n'est pas reconstruit, c'est que les raisons de sa destruction sont toujours présentes et c'est là le drame véritable.
Certes, le Talmud nous enseigne que l'on n'interrompt pas l'étude des enfants, même pour la construction du Temple, ceci parce que l'étude de la Thora par les enfants est la condition première et profonde pour que le Temple puisse être reconstruit, arrêter leur étude pour construire le Temple, c'est comme détruire les bases sur lesquelles il serait construit mais ce n'est pas pour dire que l'on peut remplacer le Temple par l'étude.
C'est ainsi que mon Grand Père Rav Yerachmiel Eliyahu Botschko zal explique : "comment se fait il que Jacob pleura Joseph pendant 22 ans ? Il existe pourtant une Halaha que l'on ne doit pas prendre le deuil trop longtemps. Au bout d'une année l'oubli doit s'installer. Pourquoi cette règle ne s'est elle pas appliquée à Jacob ? Mon Grand Père répond : "parce que Joseph était vivant, ainsi lorsque nous pleurons Jérusalem, lorsque nous pleurons la destruction du Temple deux mille ans après que cette destruction ait eu lieu, nous témoignons par cela que le Temple est encore vivant et nous, que nous n'avons pas désespéré qu'il ressuscite à nouveau". Cesser de le pleurer, c'est vouloir banaliser le Temple au niveau d'un autre "endroit important pour le service Divin".
La création de notre Etat est bien entendu une manifestation de la bonté Divine et une étape de la délivrance, mais cesser de pleurer le Temple, c'est vouloir stopper le processus.
Non ! Participons activement à sa reconstruction en insufflant à notre jeune Etat un supplément d'âme.

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[1] Moed Katan 26
[2] Exode 25, 8
[3] Exode 25, 8
[4] Talmud Chabbat 49b
[5] Talmud de Jérusalem Yoma 1,1

 

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