Rav Shaoul David Botschko – Parachat Vayigach – Sa bouche et son cœur à l’unisson
La mitzva de la semaine : Parachat Vayigach
Sa bouche et son cœur à l’unisson
Joseph se révèle à ses frères, il les console et leur adresse des propos de réconfort (Genèse xlv, 12) :
« Et voici, vos yeux voient, et les yeux de mon frère Benjamin, que c’est ma bouche qui vous parle. »
Vous constatez ensemble avec mon frère Benjamin que je vous parle affectueusement.
Or, une voix s’entend et ne se voit pas ! Alors pourquoi est-il écrit « vous voyez » ? Il aurait fallu dire « vous entendez » ! Voir pénètre profondément ; vous entendez la voix mais de vos yeux vous atteignez à la certitude que ce que je vous dis est ce que je pense. Nos Maîtres ont appris de cela que Joseph était sincère et véridique (Meguila 16b).
« Et voici, vos yeux voient, et les yeux de mon frère Benjamin – Rabbi Eléazar explique qu’il leur a dit : “de même que je n’ai rien dans mon cœur contre mon frère qui n’a pas participé à ma vente, de même n’ai-je rien en mon cœur contre vous ; telle ma bouche, tel mon cœur.” »
D’où un enseignement important concernant l’interdiction de l’hypocrisie, ainsi que Maïmonide le formule dans les Règles des Mœurs (chap. ii, 6) :
« Il est interdit de se conduire de manière doucereuse et séductrice et il ne doit pas être un en sa bouche et un (autre) en son cœur, son dedans doit être comme son dehors et c’est ce qu’il a dans son cœur qui doit s’exprimer par sa bouche. »
Mais comment cela s’accorde-t-il avec l’enseignement de Hillel qui permet de faire des compliments même s’ils ne sont pas mérités ?
« Comment danse-t-on devant la jeune mariée ? L’École de Chamaï dit : la mariée telle qu’elle est. Et l’École de Hillel dit : mariée jolie et gracieuse, même si elle est laide. »
Deux explications peuvent être proposées :
- L’interdiction de blesser quelqu’un passe avant celle de l’hypocrisie.
- Mais, ce qui semble plus juste, est qu’il faut voir son prochain d’un œil bienveillant ; on verra alors que la mariée est vraiment belle et gracieuse. Ainsi que de bon parents voient les aspects positifs de leurs enfants et ne tiennent pas tellement compte de leurs défauts.
Ce n’est pas qu’ils mentent, mais c’est que leur regard procède de leur amour et c’est là la bonne manière de regarder.
Shaoul David Botschko