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Rav Shaoul David Botschko – Parachat Pin’has – Héritage

Rav Shaoul David Botschko – Parachat Pin’has – Héritage

Parmi les sujets abordés par cette paracha se trouve celui des lois régissant les héritages (Nombres xxvii, 8) :

« Et aux Enfants d’Israël tu parleras pour dire : quand un homme mourra et qu’il n’a pas de fils, vous transmettrez son patrimoine à sa fille. »

Ce verset nous apprend qu’a priori ce sont les fils qui héritent et non les filles ni l’épouse ; ce n’est qu’en l’absence de fils que les filles hériteront. En tout état de cause, l’épouse n’hérite pas des biens de son mari.

Bien étonnante règle !

Cependant, un examen des détails de la loi nous apprend que les droits de la femme sont protégés. Aussi longtemps qu’elle ne se remarie pas, la femme peut assurer sa subsistance sur les biens du mari défunt, dans les conditions qui prévalaient de son vivant. Les fils se partagent le reliquat. De même, avant le partage entre les frères, on s’assurera que les filles reçoivent ce dont elles ont besoin pour se marier (dot, trousseau) et les fils n’hériteront qu’ensuite.

Autrement dit, les obligations du défunt envers son épouse et ses filles sont prioritaires à ses obligations testamentaires à l’égard de ses fils. Cela implique que l’héritage ne consiste pas dans le partage des biens du défunt entre ses proches ; elle est par essence continuation de son action au moyen de ses biens. C’est pourquoi l’aîné reçoit double part parce qu’il porte l’essentiel de la responsabilité de poursuivre l’œuvre du père.

Suite aux transformations socioculturelles qui ont vu s’effacer les différences entre les hommes et les femmes dans la défense des valeurs de la famille, beaucoup utilisent les issues offertes par la halakha pour modifier de facto les règles de l’héritage. Ceci se fonde sur l’enseignement du Séfer ha-‘Hinoukh (mitzva 401) qui écrit qu’un homme de son vivant peut disposer de ses biens comme bon lui semble ; il peut donc faire un testament stipulant qu’il partage ses biens par donations entre vifs avant sa mort.

Il est intéressant de noter que les rabbins du Maroc ont établi que même en l’absence d’un tel testament, une partie de l’héritage doit revenir aux filles, eu égard à l’évolution de la réalité socio-économique et culturelle.

N’oublions pas, pour autant, les règles originelles régissant l’héritage, dont l’essence consiste, pour les héritiers, à poursuivre l’œuvre du défunt dont ils portent la responsabilité, en utilisant intelligemment ses biens.

Shaoul David Botschko