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Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Terouma – Correspondance entre l’intériorité et l’apparence

Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Terouma – Correspondance entre l’intériorité et l’apparence

La paracha traite de la construction du sanctuaire et de tous les éléments qu’il contient. Le plus important d’entre eux est l’Arche sainte où sont déposées les Tables sur lesquelles sont gravés les Dix commandements. La Thora demande de recouvrir d’or le bois de l’arche, à l’intérieur et à l’extérieur (Chemoth xxv, 11) :

« Tu la revêtiras d’or pur, intérieurement et extérieurement ; et tu feras sur elle un diadème d’or tout autour. »

Nos Maîtres en ont déduit un important principe de conduite (Yoma 72b) :

« Tu la revêtiras intérieurement et extérieurement. Raba enseigne : tout disciple de Sage dont l’intériorité ne correspond pas à son apparence extérieure n’est pas un (vrai) disciple de Sage. »

Et Maïmonide légifère en conséquence dans le Livre de la Connaissance (Règles des vertus ii, 6) :

« L’homme ne doit pas user de paroles flatteuses et séductrices. Il ne doit pas dire une chose alors qu’il en pense une autre, mais son intériorité doit correspondre à son apparence ; ce qu’il a dans le cœur doit être dans sa bouche. »

Mon père et maître, le rav Mochè Botschko dans son article sur les conditions de la plénitude morale et spirituelle commence par la définir :

« Quelle est la plénitude authentique ? Que la parole ne contredise pas la pensée. Que ses actes ne contredisent pas son intériorité et son esprit. Il faut être entier en toute intention. L’homme, lui et son être, son esprit et ses intentions, ses actes et sa conduite doivent être unifiées sans aucune division. C’est cela la plénitude authentique. Celui qui est parvenu à ce niveau, dont les actes ne sont pas comme le résultat d’un dressage ni la conduite comme issue d’une contrainte, celui dont la parole exprime véritablement les sentiments et les intentions, celui-là est l’homme accompli. »

Comme pour toutes les vertus, celle-là aussi a des limites, comme l’enseigne le traité Ketoubot (16b – 17a) :

« Nos maîtres ont enseigné : comment danser devant la mariée ? (Que lui dit-on quand on danse devant elle ?) D’après l’Ecole de Chamaï, la mariée, telle qu’elle est (autrement dit on fait l’éloge de ses qualités réelles) ; l’Ecole de Hillel dit (qu’on chante) : “mariée belle et gracieuse ”. L’Ecole de Chamaï objecte à l’Ecole de Hillel : si la mariée est boiteuse ou aveugle, on lui dit “belle et gracieuse ?”. Or, la Thora dit (Ex. xxiii, 3) : “de la parole de mensonge tu t’éloigneras » !? L’Ecole de Hillel répond à l’Ecole de Chamaï : d'après vous, si quelqu’un a fait un mauvais achat au marché, faut-il le vanter à ses yeux ou le dénigrer à ses yeux ? Assurément, il convient de le vanter à ses yeux (pour ne pas le peiner). De là les Sages ont conclu : il faut toujours se montrer bienveillant envers les gens. »

Pour l’Ecole de Hillel, bien que « belle et gracieuse » ne soit pas objectivement exact, par amour pour le prochain, on le dit d’un cœur entier sans éprouver aucun malaise. L’amour du prochain nous permet de nous identifier au jeune marié aux yeux de qui sa jeune épouse est sans aucun doute belle et gracieuse !