1 Tora mi-Tsiyon, Kohkav Yaakov, 9062200
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Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Matot – L’importance du goût

Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Matot – L’importance du goût

L’un des sujets de la paracha est l’obligation de la « cachérisation » des ustensiles de cuisine, une opération qui les rends aptes à être utilisés.

Israël ayant guerroyé contre Midyane et l’ayant vaincu se retrouve à la tête d’un important butin comprenant, entre autres, de la vaisselle. La Thora impose (Nombres xxxi, 21–23) :

« Eleazar le Cohen dit aux hommes d’armée venus pour la guerre – tel est le principe de la loi de la Thora qu’Hachem a ordonnée à Moïse ; seuls l’or et l’argent, le cuivre, le fer, l’étain et le plomb, tout ce qui va au feu vous le passerez par le feu et sera pur mais devra être purifié par l’eau lustrale[1] ; et tout ce qui ne va pas au feu vous le passerez par l’eau. »

Cela signifie que les ustensiles de cuisine qui vont directement au feu et ont ainsi absorbé l’interdit doivent passer par le feu pour le leur faire dégorger et les autres doivent être ébouillantés.

Ceci est à l’origine d’une halakha importante fondée sur le principe du goût. Les aliments qui seront cuits dans cette vaisselle seront imprégnés des traces du goût de l’interdit et cela suffira à les interdire si elle n’a pas été d’abord « cachérisée ». D’où l’importance primordiale du goût. Nous devons nous préserver de tout « goût » étranger à notre identité, des influences idéologiques hétérogènes qui peuvent affecter la pratique de nos mitzvoth.

Cela fait ressortir la louange des Enfants d’Israël ayant répondu « nous ferons et nous entendrons » lors du Don de la Thora. L’engagement à accomplir les commandements – nous ferons – s’accompagne de l’engagement à en rechercher le ta‘am, ce mot hébreu signifiant à la fois le goût et le sens. La pratique concerne le corps de la mitzva. Le ta‘am en est l’âme. Ce qui se ferait à la manière d’un automate serait un corps sans âme. Le « faire » est la condition permettant de parvenir à l’« entendre » – la compréhension, l’intériorisation et l’adhésion.

C’est la raison pour laquelle cette mitzva est introduite par l’expression « tel est le principe de la loi de la Thora qu’Hachem a ordonnée », puissant titre d’une halakha qui pourrait sembler marginale. C’est en fait l’essence même de la Thora que d’exiger de l’homme de se garder d’une part des influences empoisonnées et de faire, d’autre part, tous les efforts pour comprendre la parole divine ; de pratiquer les mitzvoth non seulement de toutes nos forces physiques mais d’y investir aussi leur goût, ce bon goût des mitzvoth d’Hachem auquel nous accédons par l’étude.


[1] De ces derniers mots, les Sages ont appris l’obligation du trempage des objets achetés à des non-juifs. Cet article ne traite que du début du verset concernant l’obligation de faire dégorger les vaisselles des traces d’aliments interdits dont elles sont imprégnées. De fait, la plupart de nos vaisselles modernes n’absorbent pas et l’essentiel de la cachérisation consiste en la conservation – et la signification – de la coutume du temps où la qualité de la vaisselle était inférieure à ce qu’elle est aujourd’hui.