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Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat ‘Hayé Sarah – Éloge funèbre

Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat ‘Hayé Sarah – Éloge funèbre

Les Sages ont institué l’obligation de prononcer l’éloge funèbre (hesped) des défunts. Ce faisant, ils n’ont jamais « inventé » des règles, des halakhot ; leur préoccupation a toujours été de donner un cadre juridique aux valeurs de la Thora. Cette mitzva de l’éloge funèbre trouve aussi son expression dans la Thora, dans la conduite d’Abraham (Genèse xxiii ; 2) :

« Et Sara mourut à Qiryat Arba, c’est ‘Hévron, dans le pays de Canaan, et Abraham est venu faire l’éloge de Sara et la pleurer. »

Maïmonide voit dans la pratique de cette mitzva la réalisation concrète de la mitzva positive (mitzvat ‘assé) de l’amour du prochain (Règles du deuil, xiv, 1) :

« C’est un commandement positif de la part des Sages de rendre visite aux malades, de consoler les endeuillés, d’enterrer le mort, d’assurer le mariage de la fille à marier, d’accompagner les hôtes, de participer à toutes les nécessités de l’enterrement, de porter [le lit mortuaire] sur l’épaule, de marcher devant lui, de prononcer l’éloge, de creuser et d’enterrer, et de même de réjouir la mariée et le marié, de les rassasier en tous leurs besoins, et tout cela c’est la manifestation de la générosité concrète à la quelle on participe physiquement et qui n’a pas de mesure ; bien que toutes ces mitzvoth aient été instituées par les Sages, elles font essentiellement partie de la mitzva d’aimer son prochain. Toutes les choses que tu souhaites que d’autres fassent pour toi, fais-les pour autrui au titre de la Thora et des mitzvoth. »

D’après cela, le Choul‘han ‘Aroukh a décidé l’obligation de faire l’éloge convenable du défunt (Yoré Dé‘a, règles du deuil, 344, 1) :

« C’est une grande mitzva que de faire convenablement l’éloge du défunt. On doit élever la voix pour dire de lui des choses qui brisent le cœur, pour augmenter les pleurs et rappeler sa louange. »

Les Sages étaient partagés quant à la nature de la mitzva du hesped (Traité Sanhédrin 46b) :

« La question s’est posée à eux de savoir si le hesped était en l’honneur des vivants (de la famille) ou en l’honneur des morts. »

La guemara conclut – et telle est donc la halakha – que c’est en l’honneur des défunts ; par conséquent, si le défunt a demandé qu’on ne prononce pas d’éloge funèbre, il faut respecter sa volonté.

Il apparaît, en fait, que les deux positions sont correctes. Il est certain que le hesped est à l’honneur de la famille et pas seulement à l’honneur de la famille mais aussi à l’avantage de tous ceux qui viennent s’y associer : nous entendons la louange du défunt, de tout le bien qu’il a fait ce qui nous fait réfléchir sur le cours de notre propre vie, nous tirons les leçons de sa conduite. Et cela même est à l’honneur du défunt : grâce au hesped, il n’est pas complètement mort car les vivants qui restent après lui apprennent la leçon de qui il a été. L’honneur des vivants et celui du mort sont interdépendants.

Si la décision de la halakha tranche en faveur du mort, c’est pour soutenir le fait que si lui ne veut pas de hesped, sa volonté prévaut. L’obligation de respecter la volonté du mort concernant ce qu’il a ordonné de son vivant témoigne du fait que si son corps est maintenant sans vie, il est, bien que non physiquement, toujours présent. Sa volonté doit être respectée.

Hélas, nous assistons ces jours-ci à beaucoup d’enterrements à cause des odieux assassins. Il est très important de prononcer convenablement l’éloge des assassinés. D’entendre ce qu’ils ont été de leur vivant, parfois aussi leurs actes de bravoure et d’héroïsme. Ainsi peut-on dire de ces Justes que même en leur mort ils sont appelés « vivants » car ce qu’ils ont semé de leur vivant germera et portera ses fruits à jamais.