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Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Beréchit – La mère de tout vivant

Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Beréchit – La mère de tout vivant

Nos sages, de mémoire bénie, grâce à leur regard pénétrant, apprennent la halakha même à partir d’un mot qui n’a apparemment rien de spécial. Ainsi le mot « vivant » dans le verset (Genèse iii, 20) :

« Et l’homme donna à sa femme le nom de ‘Hava[1] car c’est elle qui était la mère de tout vivant. »

Le Talmud (Ketoubot 61a) traite du cas d’une femme qui refuse d’allaiter son enfant. Doit-on la contraindre ou bien le mari doit-il payer une nourrice ou, de nos jours, assumer les frais des produits de remplacement du lait maternel :

« Rav Houna dit que Rav Houna bar ‘Hinana a demandé : elle veut allaiter et lui ne veut pas qu’elle allaiter – c’est elle qu’on écoute, puisque c’est sa souffrance. Il veut qu’elle allaite et elle ne veut pas, qu’en est-il ? Lorsque tel n’était pas l’usage dans sa famille, on l’écoute. Lorsque l’usage de sa famille à elle était d’allaiter mais que tel n’était pas l’usage dans sa famille à lui, qu’en est-il ? Est-ce qu’on va d’après son usage à lui ou d’après son usage à elle ? Et la réponse … Rabbi Eléazar a enseigné : nous la tirons de cela qui est dit – elle a été la mère de tout vivant. Elle a été donnée à la vie et non à la souffrance. »

C’est-à-dire que si elle veut allaiter et que son mari s’y oppose, c’est elle qui l’emporte ; c’est de son corps et de sa douleur qu’il s’agit si elle n’allaite pas et son mari n’a pas droit d’ingérence dans une décision la concernant. Et si son mari veut qu’elle allaite et qu’elle ne veut pas, bien que tel était l’usage de sa famille et que les femmes allaitaient leurs enfants, c’est encore une fois elle qu’on écoute et elle est quitte de l’obligation d’allaiter – car elle a été donnée à la vie et non à la souffrance. Le mari, lui, doit se préoccuper de la vie – et du bien-être – de son épouse. Le mot « vie » n’est pas le contraire de « mort » ; il vise une bonne vie, une vie de joie et de bonheur. Elle ne s’est pas mariée pour souffrir. Si l’allaitement, pour elle, est une souffrance, elle en est quitte. Bien qu’en leur temps il n’existait pas de substituts et que financer une nourrice impliquait une dépense considérable, elle était néanmoins quitte et n’était pas obligée de souffrir.

Que cette guemara est importante ! Elle nous enseigne que le corps de la femme lui appartient et c’est elle qui décide de ce qui est bon pour elle. De même pour d’autres décisions dans la vie d’un couple, la préoccupation du mari doit être avant tout le bonheur de sa femme.


[1] Les traductions habituelles qui lui donnent le nom d’Ève en effacent l’étymologie : ‘Hava, c’est celle qui donne la vie. (NdT)