Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Bamidbar – Comment traiter les candidats à la conversion ?
Un verset de la paracha interdit à un non-Cohen de pénétrer à l’intérieur du Tabernacle, la transgression étant sévèrement sanctionnée (Nombres iii, 10) :
« Et Aharon et ses fils tu les mettras en charge et ils préserveront leur sacerdoce et l’étranger (non-Cohen) qui s’approcherait sera passible de la peine de mort. »
Or, voilà donc que la Guemara relate le cas d’un non juif qui a eu connaissance de la haute dignité du Cohen Gadol. Il en est arrivé à décider de se convertir afin de devenir Cohen Gadol. Voici le récit (Chabbat 31a) :
« Voici encore le cas d’un étranger qui, passant derrière une école, entendit la voix du scribe disant “et ce seront là les vêtements qu’ils feront – pectoral et ephod…”[1]. Il demanda : pour qui sont ceux-là ? On lui dit pour le Cohen Gadol. Il se dit : je vais aller me convertir afin qu’ils me fassent Cohen Gadol. Il se présenta devant Chamaï et lui dit : convertis-moi afin de me faire Cohen Gadol. Chamaï le repoussa avec la règle qu’il tenait en main. Il se présenta devant Hillel qui le convertit. »
Après l’avoir converti, comment Hillel a-t-il fait pour le dissuader de son projet de devenir Cohen Gadol ?
« Il lui dit : on n’intronise pas un roi tant qu’il n’a pas appris les protocoles de la royauté. Va et apprends les protocoles de la royauté. Il est allé étudier. Il est arrivé au verset concernant le sacerdoce : “et l’étranger qui s’approcherait serait passible de mort”. Il demanda (à Hillel) : qui ce verset concerne-t-il ? Il lui répondit : “même David roi d’Israël !” Le postulant fit ce raisonnement a fortiori : si à propos d’Israël qui sont appelés fils de Dieu qui, par son amour pour eux, a déclaré “Israël est Mon fils aîné” le verset dit “ l’étranger qui s’approcherait serait passible de mort”, le prosélyte qui arrive avec son sac et son bâton, à plus forte raison ! Il vint devant Chamaï et lui dit qu’il renonçait à ses prétentions : suis-je digne, lui dit-il d’être Cohen Gadol, alors qu’il est écrit : “l’étranger qui s’approcherait serait passible de mort !?” Il revint devant Hillel et lui dit : “Hillel le modeste ! que des bénédictions se déversent sur ta tête pour m’avoir approché sous les ailes de la Présence divine !”
Le Talmud relate encore plusieurs exemples similaires concernant des candidats à la conversion que Chamaï a repoussés et que Hillel a acceptés.
« Il est arrivé un jour que tous trois se sont trouvés au même endroit. Ils dirent : l’intransigeance de Chamaï a failli nous chasser hors du monde et l’humilité de Hillel nous a approchés sous les ailes de la Présence divine ! »
Apprenons de Hillel la bonne manière de traiter ceux qui frappent à notre porte pour entrer dans la collectivité du peuple d’Israël.
[1] Le mot ephod est généralement conservé tel quel dans les traductions. Il désigne un vêtement porté par le Cohen Gadol sur lequel était fixé le pectoral. En Chemot xxviii, 4 dont est tiré le verset cité ici, Rachi lui consacre une longue analyse.