Rav Shaoul David Botschko – Parachat Vayichla’h – Qui sont ces messagers ?
Jacob, au début de la paracha, envoie une délégation auprès de son
frère Ésaü pour l’informer de son retour au pays. Elle a pour mission de
faciliter une réconciliation entre les deux frères. Ces délégués sont
désignés dans la Thora par un terme à double sens : malakhim
« Jacob envoya des malakhim devant lui auprès d’Ésaü, son frère,
au pays de Séïr, au champ d’Edom. »
(Genèse 32, 4)
Ce mot est habituellement utilisé pour dire « des anges », êtres
spirituels sans réalité concrète, mais peut désigner aussi des envoyés
humains. De quoi s’agit-il ici ? Rachi explique : « Réellement des
anges. »
Cette formule est surprenante, parce que s’il s’agit d’anges de
Dieu le terme « réellement » ne s’applique pas vraiment puisqu’ils
n’appartiennent pas à la réalité de notre monde physique. La phrase de
Rachi comporte donc une contradiction interne.
De plus, si Jacob a pu envoyer des anges auprès d’Ésaü, comment
ces êtres spirituels ont-ils parlé à Ésaü ? Et si ce fut le cas, comment Ésaü n’a-t-il pas craint la puissance de son frère Jacob capable de commander aux anges ?
Mais Rachi voulait sans doute dire « réellement des envoyés », des
messagers humains réels et concrets, mais délégation néanmoins hors du
commun. La Thora s’est servie du mot malakhim pour nous faire
percevoir qu’au-delà du caractère trivialement « diplomatique » de cette
mission, se joue ici un événement d’importance historique : la tentative
de Jacob de réaliser une alliance de paix véritable avec son frère Ésaü.
Paix durable pour tout l’avenir de l’Histoire.
Ces messagers ont donc une double tâche : ce sont des messagers de
paix chargés d’une mission de réconciliation avec Ésaü, et ce sont des
envoyés angéliques chargés d’une mission spirituelle critique pour
l’avenir du monde.