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Massé – Vivre pleinement en Israël élève la réalité matérielle

Massé – Vivre pleinement en Israël élève la réalité matérielle

Rav Nahum Botschko

La paracha de cette semaine s’étend longuement sur les étapes de la marche des Enfants d’Israël au long des quarante années de leur séjour dans le désert :
« les Enfants d’Israël partirent de Ramsès et campèrent à Souccoth. Ils partirent de Souccoth et campèrent à Etham… »

Et ainsi de suite, énumérant quarante-deux étapes traversées par les Enfants d’Israël. Ce qui n’est d’ailleurs pas très clair. Pourquoi la Thora a-t-elle pris la peine de nous conter tous ces départs et arrivées de cette marche au désert. En effet, comme l’énonce le rabbi de Slonim[1] :
« La Thora est éternelle ; à quoi sert cette paracha qui ne concerne semble-t-il que cette génération-là. Qu’y a-t-il là d’éternel ? »

Chacun d’entre nous se trouve perpétuellement en marche, depuis sa naissance et jusqu’à la fin de ses jours. Ce qui importe, c’est la manière dont nous élevons la réalité à chacune de nos haltes et à chacune de nos marches. Comment l’utilisons-nous au service de Dieu. Les Hassidim appellent cela « l’élévation des étincelles » ; parvenir à trouver dans les détails matériels des instruments qui collaborent à l’ensemble de notre vie au service de Dieu. Telles furent aussi les étapes de la marche d’Israël depuis la sortie d’Égypte et jusqu’à l’entrée en Eretz-Israël[2] :
« Car de même que la finalité de la sortie d’Égypte était de faire remonter les étincelles de sainteté tombées dans le domaine de l’impureté et qui étaient prisonnières de l’Égypte. Sortant d’Égypte, Israël a emporté avec lui toutes ces étincelles de sainteté qui s’y trouvaient et qui ont pu ainsi réintégrer leur place dans le domaine de la sainteté. De même, les quarante-deux étapes « du désert grand et redoutable » ont eu pour but de rassembler les étincelles de sainteté qui s’y trouvaient dispersées. »

Les Qabbalistes expliquent que les quarante-deux étapes correspondent au Nom divin de quarante-deux lettres, lesquelles sont reprises à l’initiale des mots du poème liturgique ana békhoa‘h. Ce poème comporte sept vers de six mots chacun. Les sept vers font référence chacun à l’une des sept valeurs fondamentales : la bonté, la vaillance, le rayonnement, l’éternité, la majesté, la fondation et la royauté. Ces sept valeurs constituent aussi la base de notre propre effort de perfectionnement moral et spirituel. « L’élévation des étincelles » dont nous avons parlé est l’une des formules par lesquelles nous pouvons désigner l’effort de chacun d’entre nous, effort sans lequel l’étude de la Thora et la pratique des mitzvoth sont elles-mêmes inabouties. Les Sages ont expliqué le verset « oui, la crainte de Dieu est sagesse » en disant que la sagesse par excellence est la crainte de Dieu qui contient outre l’étude de la Thora et la pratique des mitzvoth l’effort quotidien d’affinement et de mise au point des vertus ainsi que le combat contre les traits de caractères négatifs, en particulier pour tout ce qui touche aux relations interpersonnelles. Nous pouvons comprendre ainsi la mitzva particulière qui apparaît dans cette paracha immédiatement après l’énumération des étapes[3] :
« Et vous prendrez possession d’héritage de la terre et vous y habiterez, car c’est à vous que J’ai donné la terre en héritage. »

Nahmanide, dans ses notes et additions au Livre des Commandements de Maïmonide, additions au quatrième commandement considère ce verset comme fondant la mitzva incombant au peuple tout entier de reconquérir la Terre et de ne pas la laisser aux mains d’étrangers. Cette mitzva permet à la nation tout entière de « faire remonter les étincelles » dans tous les domaines de l’existence, c’est-à-dire d’élever des conduites et domaines matériels tels que la guerre, l’agriculture, la diplomatie, la politique, etc. au rang de mitzva. Habiter en Eretz-Israël est une mitzva qui concerne la nation dans son ensemble et chaque personne en particulier. Cette mitzva est à elle seule à l’échelle de la Thora tout entière. Elle contient en elle tous les domaines d’activité nécessaire à sa réalisation, et comme l’écrivait le ‘Hatam Soffer à propos du verset « tu engrangeras ta récolte »[4] :
« En Eretz-Israël, le travail agricole est lui-même une mitzva à cause de l’obligation d’habiter dans le pays et de le rendre habitable, pour produire ses saints fruits… et toutes les autres activités qui contribuent à cela ont sans doute elles-aussi rang de mitzva. »

En habitant dans le pays, en combattant pour le défendre, en y exerçant notre activité professionnelle, nous élevons la réalité matérielle au niveau de perfection du service de Dieu.
Traduit par Rav E. Simsovic

 

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[1] Nétivoth Chalom, parachat Masse‘é, 1ère dissertation.
[2] Ibid.
[3] Bamidbar 33, 53.
[4] Commentaires sur le Talmud, Soucca 36a.

 

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