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La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Vaéra : Je suis Hachem

La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Vaéra : Je suis Hachem

Un enseignement bien connu des Pirqé Avot (Chapitre i, michna 3) rapporte :

« Antigone de Sokho a reçu la tradition de Simon le Juste qui disait : ne soyez pas comme les serviteurs qui servent le maître afin de recevoir une prime, mais soyez comme des serviteurs qui ne servent pas le maître pour recevoir une prime – et que la crainte d’Hachem soit sur vous. »

La paracha de Vaera s’ouvre sur la déclaration suivante (Chemot vi, 2) :

« Elohim parla à Moïse et dit : “Je suis Hachem” »

Voici ce que cette parole révèle, dit Rachi :

« Il lui dit “Je suis Hachem” – fiable pour payer un bon salaire à ceux qui marchent devant moi. Ce n’est pas pour rien que Je t’ai envoyé, mais pour réaliser ce que J’ai dit aux premiers Pères. Et nous trouvons cette expression fréquemment expliquée comme signifiant : Je suis Hachem, fiable pour faire payer… lorsqu’elle est utilisée lorsqu’il s’agit de sanctionner, comme dans le verset 12 du chapitre xix du Lévitique : “tu profanerais le Nom de ton Elohim, Je suis Hachem”. Et lorsqu’elle est utilisée à propos de la pratique des mitzvoth, comme dans Lévitique xxii, 31 : “et vous garderez mes commandements et les pratiquerez, Je suis Hachem” – fiable pour donner le salaire. »

Maïmonide cite cet enseignement comme l’un des fondements de la foi d’Israël :

« Je crois d’une foi parfaite que le Créateur, béni soit Son Nom, comble de bien ceux qui gardent ses commandements et châtie ceux qui les transgressent. »

À la lumière de l’enseignement d’Antigone de Sokho, il nous faut comprendre la signification de ce principe. En effet, il semble contredire l’exigence de servir sans intention d’en être récompensé.

Le salaire et la sanction ne suivent pas immédiatement la bonne ou la mauvaise conduite. Ni l’un ni l’autre ne portent atteinte à la liberté de l’homme qui peut donc agir, en bien comme en mal, sans attendre un salaire ou craindre un châtiment, comme le recommande Antigone de Sokho.

Il n’en reste pas moins qu’il s’agit bien là d’un des fondements de la foi qui distingue le croyant du non-croyant. Il est important d’avoir conscience du fait que le monde n’est pas à l’abandon ; bien qu’apparemment les malfaisants réussissent, leur réussite est éphémère. Sans la foi dans le salaire et la sanction, le monde serait effroyable, le pervers pourrait toujours nuire aux Justes, c’est à dire à ceux qui obéissent aux exigences de la moralité. Ce serait un monde livré à l’iniquité.

Or, Hachem avait annoncé aux Pères – sous serment – qu’ils possèderaient Eretz Israël. Ils n’ont pas vu ne serait-ce que le commencement de la réalisation de cette espérance. Leurs descendants ont été asservis à l’Égypte mais ont finalement reçu le salaire de leur confiance en la réalisation de la Parole donnée et, en contrepartie, les Égyptiens ont été sanctionnés pour avoir nuit à Israël et Israël est sorti d’Égypte haut la main.

La foi dans ce principe ne contredit pas l’enseignement d’Antigone de Sokho. Sachant qu’il y a salaire et sanction, nous devons nous surhausser et pratiquer les mitzvoth « pour Son Nom », c’est-à-dire pour ce qu’elles sont, ce qu’elles signifient et les raisons pour lesquelles Il nous les a données. Sans la conscience aigüe du principe de récompense et châtiment, l’homme pourrait se croire seigneur au lieu de serviteur. C’est pourquoi, en préface aux actions qui conduiront à la délivrance d’Israël de l’esclavage d’Égypte, Hachem annonce à Moïse : Je suis Hachem, Je suis digne de confiance, autant pour sanctionner que pour payer le prix des efforts consentis pour la réalisation de Ma volonté.