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La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Tetsavé : Le port de la kippa

La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Tetsavé : Le port de la kippa

Le Choul‘han ‘Aroukh rapporte l’obligation du port de la kipa et d’avoir ‎une conduite humble (Ora‘h ‘Hayim 2, 6) :

« Il est interdit de marcher la taille redressée et on ne doit pas faire quatre ‎coudées tête nue. »

L’interdiction de « marcher la taille redressée » est distincte de celle, moins ‎incisive, de « marcher tête nue ». La première est un véritable interdit tandis que ‎la seconde est une coutume adoptée par Israël qui relève du désir de bien faire.
La source de cette coutume se trouve dans la description donnée dans la ‎paracha des vêtements des cohanim, y compris le cohen gadol. Voici la ‎description des vêtements de ce dernier (Chemot XXVIII, 4) :

« Et ceux-ci sont les vêtements qu’ils feront – pectoral, éphod, manteau, ‎tunique à mailles, tiare et ceinture ; et ils feront des vêtements de sainteté ‎pour Aharon ton frère et pour ses fils pour l’investir à Mon service. »

Le couvre-chef du cohen gadol est appelé « tiare » (mitznèfeth) tandis que ‎celui des cohanim ordinaires est appelé « turban » (migba‘at) (ibid. verset 40) :

« Et pour les fils d’Aharon tu feras des tuniques et tu leur feras des ‎ceintures, et des turbans tu leur feras, pour l’honneur et l’apparat. »‎

Ces deux termes, mitznèfeth et migba‘at, expriment deux valeurs ‎impliquées dans l’obligation du couvre-chef.

Celui du cohen gadol vise à enseigner l’humilité. Lui, qui est au sommet de ‎l’échelle sociale, n’est toutefois pas tout-puissant. Sa dignité est celle d’un ‎service. Voici ce qu’en dit la guemara (Zeva‘him 68b) :

« La fonction de la tiare est l’expiation des arrogants. Comment cela ? ‎Vienne une chose haute et qu’elle expie pour la hauteur. »

Le couvre-chef du cohen ordinaire, la migba‘at, est « pour l’honneur et ‎l’apparat ».

Il témoigne du fait que celui qui le porte, le cohen, membre de la tribu de ‎Lévi, la plus honorable d’Israël. De même que les policiers, les pompiers ou les ‎soldats ont un couvre-chef particulier – qui les identifie et les met à part – de ‎même le cohen.

La kipa comporte ces deux dimensions. Elle signifie, d’une part, que ce ‎n’est pas nous qui sommes souverains du monde, mais Celui qui est au-dessus ‎de nous. Et, d’autre part, que nous sommes membres du peuple très spécial ‎qu’est le peuple d’Israël. Humilité en tant que personne individuelle et fierté en ‎tant qu’appartenant à ce peuple. Ces deux dimensions expliquent l’importance ‎du port de la kipa. Ce n’est pas, toutefois, comme nous l’avons signalé ci-‎dessus, un impératif catégorique, comme c’est le cas pour les cohanim ; ceux-ci ‎ne peuvent pas accomplir leur service sans porter tous les vêtements qui leur ‎sont assignés. C’est pour cela que dans des situations particulières, telles que la ‎pratique d’un sport, la gymnastique ou certains travaux, on peut en être dispensé.‎
Mais lorsque nous prononçons une bénédiction, nous sommes dans une ‎situation analogue au service des cohanim, et devons nous couvrir la tête (Ora‘h ‎‎‘Hayim, 91, 3) :

« Certains disent qu’il est interdit de prononcer un Nom divin tête nue et ‎certains disent qu’il faut réprimander ceux qui entrent dans la synagogue ‎tête nue. »

Pourquoi « certains disent » ? Parce qu’il peut se faire que quelqu’un se ‎trouve en milieu non-juif, peut-être hostile, et ne doive pas se faire remarquer. Il ‎pourra prononcer la bénédiction discrètement en se fondant sur l’avis auquel le Choul‘han ‘Aroukh fait allusion selon lequel l’interdit ne fait pas l’unanimité.

Maïmonide écrit dans les règles de la prière qu’il y a huit choses auxquelles on ‎doit faire attention au moment de la prière (Règles de la prière 5, 1) :

« Le priant doit prendre garde à huit choses et les réaliser, mais s’il est ‎bousculé ou empêché, et qu’il ne les a pas faits, elles n’invalident pas sa ‎prière, et les voici : être bien habillé, prier dans un lieu décent, d’une voix ‎égale, les révérences, et les prosternations… »

Et lorsqu’il en vient à préciser ce que signifie « être bien habillé », ‎Maïmonide cite l’obligation de se couvrir la tête (Ibid. règle 5) :

« Être bien habillé, comment ? On commence par préparer soigneusement ‎ses vêtements, on s’attife et on se pare, ainsi qu’il est dit “prosternez-vous ‎dans la majesté de la sainteté” (Psaumes 29, 2) » ; on ne priera pas en portant ‎une “bourse ceinture” ni tête nue. »

La kippa que nous portons nous élève à la ressemblance des cohanim autant ‎par la préoccupation d’humilité que par signe d’appartenance au peuple d’Israël.