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La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Terouma : Toujours

La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Terouma : Toujours

L’homme doit-il toujours consacrer son temps libre à l’étude de la Thora parce que c’est une obligation permanente que seules suspendent les nécessités de l’existence telles que manger, dormir, assurer la subsistance. Ou bien, la mitzva est-elle de fixer des moments réservés à l’étude en dehors desquels il est permis de s’adonner à toute activité, même si elle n’est pas de nécessité vitale, telle que la musique, le sport, etc.

Ce sujet a beaucoup préoccupé les penseurs d’Israël. Rabbi Haïm de Volozhyn considère pour sa part que l’homme doit investir toute son énergie à la seule étude de la Thora (Nefech ha-Hayim, 1er portique, chapitre 9) :

« À l’époque de Salomon un grand nombre du peuple devait se détourner un peu [de l’étude] et s’engager dans une voie professionnelle pour s’assurer un minimum vital. Ceci est en effet, suivant Rabbi Yichmael, la meilleure conduite pour le grand nombre, en conformité véritable avec la volonté divine, comme il est enseigné dans les Maximes des Pères (Avot ii, 2) : “Il est beau de joindre étude de la Thora et occupation professionnelle, car leur effort conjugué fait oublier la faute ; toute étude qui n’est pas accompagnée d’un travail s’avère nulle en fin de compte et entraîne la faute.” Or, toutes les paroles des Pères sont paroles de vertu. Encore faut-il que, même lorsqu’on est occupé à l’activité professionnelle, le cœur ne cesse pas de s’adonner à la sagesse et à la méditation des paroles de la Thora. »

Rabbi Haïm propose une lecture très réductrice de la prise de position de rabbi Yichmael qui prône la combinaison de l’étude et de l’activité professionnelle, réduisant cette dernière au plus strict minimum indispensable et exigeant de poursuivre sans cesse la méditation de la Thora même pendant le travail – ce serait cela, l’étude de la Thora accompagnant toujours l’activité professionnelle.

En fait, ce n’est pas ainsi que les Maîtres du Talmud conçoivent ce que doit être la conduite de l’homme, telle qu’elle est évoquée dans la paracha. Il est écrit à propos des « pains de proposition » (Chemot xxv, 30) :

« Et tu placeras sur la Table des pains de proposition devant Moi toujours. »

Les Pains reposaient sur la Table d’un chabbat à l’autre. Chaque chabbat, on retirait les Pains de la semaine précédente et on les remplaçait par des Pains frais. Comment faire pour que les Pains soit quand même « devant Moi toujours » ? Rabbi Yossé enseigne (Mena‘hot 99b) :

« On enseigne dans une baraïta que rabbi Yossé dit que même si on a enlevé les vieux Pains le matin et disposé les nouveaux le soir, ça ne fait rien. Mais comment on réalise “devant Moi toujours” ? Que la Table ne passe pas toute une nuit sans Pains. Rabbi Ami enseigne : des propos de rabbi Yossé on apprend que si l’on n’a étudié qu’un chapitre le matin et un chapitre le soir, il a accompli le commandement “ce Livre de la Thora ne quittera pas ta bouche”. »

En effet, Hachem a dit à Josué, successeur de Moïse (Josué i, 8) :

« Ce Livre de la Thora ne quittera pas ta bouche et tu l’étudieras jour et nuit. »

Rabbi Ami explique que cela ne signifie pas que l’on doive investir tout le temps disponible, sans interruption, à l’étude la Thora mais que l’on doit étudier la Thora tous les jours de la vie ; qu’on ne passe pas un jour entier à étudier et pas du tout le lendemain. Quant à la question de savoir combien étudier chaque jour, cela dépend de chacun. L’essentiel est de maintenir un contact permanent avec la Thora. Combien d’étude contribuera à son équilibre et combien dépasserait-il sa capacité d’absorption, de sorte qu’au lieu de lui faire aimer l’étude il en viendrait à la détester ? Ce pourquoi les Sages enseignent (ibid.) :

« On a enseigné à l’école de rabbi Yichmael : que les paroles de la Thora ne te soient pas contraignantes, mais tu n’es pas libre de t’en détacher ! »

Ce que Rachi et les Tossafistes commentent comme suit :

« ne te soient pas contraignantes – comme un débiteur préoccupé par sa dette qui se dit “quand pourrais-je enfin m’en acquitter et en être débarrassé !” Ainsi, on ne doit pas dire “je vais étudier un chapitre et je serai quitte” car tu ne peux pas t’en détacher. C’est ainsi que l’explique le cahier (=Rachi). Il faut ajouter encore, “ne te soient pas contraignantes – que tu ne t’occupes que d’elles et que tu n'aies pas le droit de t’en détacher de sorte de ne pas t’en occuper du tout, mais belle est l’étude de la Thora conjointement avec une activité professionnelle”. »

La conduite proposée par le Nefech ha-Haïm convient à des êtres d’exception. Pour la majorité d’entre nous, il importe de consacrer chaque jour un temps significatif à l’étude de la Thora, chacun selon ce dont il est capable et il n’est pas nécessaire d’y consacrer tout son temps libre. Ainsi, nous aurons le bonheur d’aimer la Thora car elle est en harmonie avec les besoins des hommes.