La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Ki Tavo : Comme s’il pratiquait un culte idolâtre…
Le Talmud énonce une critique acerbe à l’égard de ceux qui sont installés à l’étranger (=« en dehors du Pays ») (Ketouboth 110b) :
« On doit, en toute circonstance, s’installer en Eretz Israël même dans une ville à majorité idolâtre et ne pas s’installer en dehors du Pays, même dans une ville à majorité juive. Car quiconque est installé en Eretz Israël est semblable à quelqu’un qui a un Dieu ; […] et quiconque est installé en dehors du pays, c’est comme s’il pratiquait un culte idolâtre. »
D’où vient une expression aussi dure, « comme s’il pratiquait un culte idolâtre » ? Quelle est sa source et que signifie-t-elle ? Elle trouve son origine dans un verset de cette paracha (Deutéronome xxviii, 64) :
« Et Hachem te dispersera parmi tous les peuples de l’extrémité de la terre à l’extrémité de la terre et tu y serviras des dieux autres que tu ne connaissais pas, ni toi ni tes pères, de bois et de pierre. »
L’objection immédiate vient à l’esprit : beaucoup de juifs religieux habitent à l’étranger ! Rachi, dans son commentaire sur ce verset, a déjà répondu à cela :
« Il ne s’agit pas vraiment d’un culte idolâtre, mais ils paient des impôts et des capitations aux prêtres de ces cultes. »
Autrement dit, il ne s’agit pas de servir ce culte, mais de participer à son financement. En effet, on participe de manière plus ou moins active et consciente, matériellement et culturellement, à la vie quotidienne de la société au sein de laquelle on vit. Rachi met en évidence le fait que cette situation confine à ce que la Thora appelle « culte étranger » – c’est-à-dire, dans notre vocabulaire, idolâtrie.
Le prophète Ezéchiel donne une autre signification à la présence de Juifs à l’étranger : elle affaiblit la foi et profane Son Nom en manifestant, pour ainsi dire, qu’Il ne tient pas la parole donnée à nos Pères que la Terre d’Israël appartiendrait tout entière à leurs descendants (Ezéchiel xxxvi ; 17–21) :
« Fils de l’homme, la Maison d’Israël réside sur son sol, ils l’ont souillé par leur conduite et par leurs œuvres ; telle l’impureté de la femme menstruée fut leur conduite devant moi. J’ai donc répandu Ma colère sur eux pour le sang qu’ils ont versé sur la terre qu’ils ont rendue impure par leurs idoles abjectes. Et Je les ai dispersés parmi les nations, disséminés dans les pays ; selon leur conduite et selon leurs œuvres, Je les ai jugés. Et il arriva chez les nations où ils sont arrivés, et ils ont profané Mon saint Nom par ce qu’on disait d’eux ; “ceux-là sont le peuple d’Hachem, et ils sont sortis de Son Pays !” Alors, J’ai eu pitié de Mon saint Nom profané par la maison d’Israël parmi les nations où ils étaient venus. »
Toutefois, nous y trouvons consolation : Hachem nous délivrera même si nous ne le méritons pas vraiment, ne Lui ayant pas été fidèles, comme Ezéchiel le dit par la suite (ibid., 22–24) :
« Va donc dire à la Maison d’Israël : ainsi a dit le Seigneur Elohim – ce n’est pas en votre faveur que Je le fais, Maison d’Israël, mais en faveur de Mon saint Nom que vous avez profané parmi les peuples où vous êtes venus. Et Je sanctifierai Mon grand Nom profané parmi les nations que vous avez profané parmi elles et les nations sauront que Je suis Hachem, parole du Seigneur Elohim, parce que Je serai sanctifié en vous à leurs yeux. Et Je vous prendrai de chez les Nations et Je vous rassemblerai de tous les pays et Je vous amènerai à votre sol. »
Donc, ceux qui habitent à l’étranger, c’est-à-dire qu’ils y ont fixé leur résidence, renforcent les nations et donnent consistance à leur croyance qu’Il ne peut pas nous ramener chez nous, dans notre pays. Ce faisant, ils profanent Son Nom. Au contraire, ceux qui habitent en Israël agissent avec Lui et sanctifient Son Nom par leur simple présence ici, témoignant du fait que la permanence d’Israël ne se démentira pas et ne renoncera pas : Il nous a assuré qu’Il nous délivrerait – et Il nous délivre !