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La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Haazinou : L’obligation de la bénédiction des jouissances

La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Haazinou : L’obligation de la bénédiction des jouissances

La paracha commence par une série de reproches faits à Israël pour son ingratitude ; elle souligne qu’Hachem est « ton père, ton Créateur » (Deutéronome xxxii, 6) :

« Est-ce ainsi que vous payez Dieu de retour, peuple insensé et sans sagesse ? N’est-il donc pas ton père, ton créateur ? C’est-ce Lui qui t’a fait et qui t’a organisé ? »

Rachi explique : Hachem a pris soin de vous et pourvu à tous vos besoins comme un père soucieux du bien de ses enfants. Comment pouvez-vous Lui rendre le mal pour le bien ? Le traité Berakhot (35b) relie cela à l’obligation de Le remercier par des bénédictions prononcées avant et après manger ou boire :

« Rabbi ‘Hanina bar Papa a enseigné que quiconque jouit de ce monde sans [prononcer une] bénédiction vole le Saint, Source des bénédictions et l’Assemblée d’Israël, selon ce qui est dit (Proverbes xxviii, 24) : “Celui qui vole son père et sa mère et dit que ce n’est pas un crime, se fait le complice d’un faiseur de ruines”. Ton père n’est autre que le Saint, Source des bénédictions comme il est dit “ N’est-il donc pas ton père” ; et ta mère n’est autre que l’Assemblée d’Israël comme il est dit (Proverbes i, 8) : “Écoute, mon fils, la morale de ton père et n’abandonne pas la Thora de ta mère.” »

Que signifie « voler le Saint, Source des bénédictions » ? Au sens simple – et telle est l’explication du Maharcha[1] – cela signifie que le monde entier Lui appartient, l’homme y compris. Ne pas prononcer la bénédiction par laquelle nous le reconnaissons, consiste donc à s’approprier quelque chose qui n’est pas nôtre.

Rachi explique autrement :

« Il vole le Saint, Source des bénédictions – Il vole Sa bénédiction. »

Tu aurais dû Lui donner cette bénédiction et tu ne l’a pas fait. Tu as donc « volé » ce qui Lui revient. Cette explication est surprenante. Lui, Il n’a besoin de rien. La bénédiction n’est pas chose qui puisse être volée !?

Rachi nous enseigne que la terre, en effet, a été donnée à l’homme et celui qui en jouit, jouit de ce qui a été créé pour l’homme. Il n’y a donc pas vol en la matière. Mais Il est ton père, le père d’Israël et son possesseur, qui lui a donné certaines règles de conduite et l’a installé en Eretz Israël.

Avant la bénédiction, le monde appartient à l’homme, après la bénédiction il appartient à Dieu. C’est pourquoi celui qui ne prononce pas la bénédiction destinée à mettre le monde à Sa portée et élever tout le réel et toutes nos jouissances vers Lui se conduit à Sn égard comme un voleur.

Il vole aussi tout Israël. Élever le réel vers Hachem n’est pas une obligation personnelle et privée ; c’est le rôle de la collectivité d’Israël et chacun en particulier a sa part de cette mission spéciale.

Donc, par chaque bénédiction que nous prononçons avec l’intentionnalité appropriée nous agissons pour élever le réel et le rapprocher d’Hachem.


[1] Chmouel Eliezer Halevi Eidels, dot le Maharcha est un talmudiste galicien des XVIe et XVIIe siècles (Cracovie, 1555 – Ostróg, 1631), auteur d’un commentaire classique sur les portions législatives et narratives du Talmud de Babylone ainsi que sur leurs commentaires par Rachi et les Tossafistes, imprimé en fin de volume dans les éditions courantes.