La mitzva de la semaine par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Balak : Prenez soin des enfants des pauvres
La paracha raconte la tentative de Bile‘am de maudire Israël. Entre autres choses, il déclare dans son style lyrique (Nombres xxiv, 7) :
« Ruisselle l’eau de ses seaux et sa semence en eaux nombreuses, s’élève son roi de Agag et se soulève son règne. »
Rachi explique : des Enfants d’Israël se lèvera un grand roi qui dominera de nombreux peuples. Son règne maîtrisera Agag et s’élèvera au plus haut.
Mais, pourtant, ce n’est pas le message que les Sages d’Israël ont voulu retenir de ce verset. L’eau désigne souvent la Thora. Le mot traduit par « seaux » est dalyav, dont la racine dal signifie « pauvre », ce qui donne, tenant compte du suffixe du pluriel : « la Thora ruissellera de ses pauvres. »
Ce pourquoi le Talmud proclame (Nedarim 81a) :
« Prenez soin des enfants des pauvres car c’est d’eux que sera issue la Thora pour Israël ! »
Rabbénou Nissim[1] explique que les pauvres sont humbles et c’est pour cette raison qu’ils sont à même d’atteindre la vérité dans leur étude de la Thora.
Quelle est l’incidence pratique de cette mise en garde ? Elle est enseignée par le Talmud dans le traité Ta‘anit (24a) :
« Rav[2] est arrivé en un certain lieu où sévissait une sécheresse. Il décréta un jeûne et la pluie ne tomba pas. L’officiant de la communauté a prié en sa présence. Lorsqu’il a prononcé les mots “Il fait souffler le vent”, le vent a soufflé ; lorsqu’il a prononcé les mots “et fait tomber la pluie”, la pluie est tombée. Rav lui a demandé : quel est ton métier ? Il a répondu : j’enseigne aux petits enfants, et j’enseigne aux enfants des pauvres comme aux enfants des riches et je ne demande rien à ceux qui ne peuvent pas payer. Je possède un étang poissonneux et j’offre des poissons à qui néglige son étude pour l’inciter à faire des efforts ; je le rassure et le console de sorte qu’il finit par venir et étudie. »
C’est ainsi qu’on apprend à prendre soin des enfants des pauvres dont est issue la Thora pour Israël ; il faut leur enseigner sans leur demander une participation financière !
[1] Rabbénou Nissim ben Reuven (1310–1376) de Gérone, dit « le RaN », prestigieux talmudiste et décisionnaire et l’une des dernières grandes figures du judaïsme ibérique.
[2] Surnom de rav Abba bar Aïvo, connu aussi sous son surnom de Abba le Long. Rav, ou « le Maître » par excellence, rabbin babylonien du iiième siècle (175 – 247), fondateur de l’académie talmudique de Soura. Il est considéré comme le premier et le plus grand des Amoraïm (docteurs du Talmud).