Rav Shaoul David Botschko – La mitsva de la paracha : Parachat Behar – Une affaire de cœur
« Si ton frère s’appauvrit, tu le soutiendras… Tu ne lui prendras pas d’intérêt… Je suis l’Eternel votre D-ieu qui vous ai sorti d’Egypte pour vous donner la terre de Canaan, pour être votre D-ieu »[1].
Rachi commente :
« Pour être votre D-ieu, car celui qui habite en Israël, Je serai pour lui D-ieu, tandis que tout celui qui quitte Israël est considéré comme idolâtre »[2].
Quel est le rapport entre l’interdiction de prêter avec intérêt et l’obligation d’habiter en Israël ?
Le « Klé Yakar » s’interroge sur la raison de l’interdiction de prendre des intérêts.
Spontanément, cela s’explique par la pitié que nous devons avoir envers celui qui est pauvre.
Non ! dit le « Klé Yakar », ce n’est pas la raison essentielle. En effet, dans la Paracha de « Réeh », il est spécifié que l’interdiction s’applique même lors d’un prêt à un riche.
Aussi, le « Klé Yakar » donne une raison supplémentaire :
« La raison de l’interdiction du prêt à intérêt réside dans le fait que le prêteur ne place pas
sa Confiance en D-ieu, car tout commerçant doit lever ses yeux vers le ciel, n’étant pas certain que ses affaires seront couronnées de succès. Tandis que celui qui prête avec intérêts, son gain est connu et fixé d’avance. De plus, il ne prend aucun risque, puisqu’il prend toujours un gage, une garantie ou une hypothèque. Il est d’ailleurs connu que les prêteurs sont des personnes qui n’ont pas de foi, qui ont le coeur dur et qui ne pratiquent pas la charité ».
Le « Klé Yakar » poursuit :
« C’est aussi la raison pour laquelle cette Mitsva sui les commandements de la Chemita, la « septième année » où l’homme n’a le droit ni de labourer, ni de semer ou de récolter, le but de cette Mitsva étant également d’éduquer à la Confiance en D-ieu ».
Cette « Mida » (qualité) de la Confiance en D-ieu est illustrée de manière exceptionnelle par Abraham lorsque D-ieu lui demande de tout abandonner pour se rendre en Israël.
Aussi, c’est tout naturellement que la Thora, pour clôturer les Mitsvot du repos de la terre et du renoncement aux intérêts, enseigne que celui qui quitte le pays des ancêtres témoigne de son peu de confiance en D-ieu et est ainsi considéré comme un idolâtre.
Notre foi en D-ieu n’est pas seulement une affaire de coeur. Elle doit se traduire concrètement.
Ayons confiance.
________________________________________
[1] Lévitique 25, 35 à 38
[2] Rachi sur Lévitique 25, 38