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La paracha dans le midrach par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Yithro : Zakhor ou Chamor ?‎

La paracha dans le midrach par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Yithro : Zakhor ou Chamor ?‎

Il existe deux occurrences des Dix commandements dans la Thora. Dans la ‎paracha de Yithro et dans la paracha de Vaët’ḥanan (Deutéronome V, 6-17). On ‎remarque de petites différences de détail entre les deux versions. La première – ‎et peut-être la plus significative – concerne le chabbat. Alors que dans Yithro le ‎commandement est zakhor eth yom hachabbat, « rappeler le jour du chabbat ‎pour le sanctifier », c’est-à-dire nous évoquons le chabbat pour le distinguer des ‎jours ouvrés qui le précèdent et qui le suivent et en réservant explicitement en ‎son honneur ce qu’il y a de meilleur (Psiqta Rabbati 23). Dans Vaëtḥanan, il est écrit ‎chamor eth yom hachabbat « préserver le jour du chabbat », ce qui consiste à le ‎préserver de toute transgression par un travail interdit.‎

Hachem a-t-il dit zakhor ou chamor ?‎

Rachi, au nom du Midrach (Yalqût Chimeŏni, remez 293), explique :‎

‎« RAPPELER. “Rappeler” et “préserver” ont été prononcés en une seule ‎parole. »‎

Qu’est-ce que cela veut nous enseigner ?‎

À première vue, on aurait pu croire à l’existence d’une antinomie entre ‎zakhor et chamor. Le premier terme met l’accent sur la joie qu’induit la présence ‎du chabbat et la manière de l’honorer. Comment on s’y prépare toute la semaine ‎comme à une rencontre avec un être aimé dont on espère beaucoup et à qui on ‎est prêt à donner beaucoup. Le second, en revanche, souligne tous les interdits ‎accumulés en ce jour et qui semblent devoir empêcher toute joie et tout plaisir. ‎La sainteté prend un aspect austère et sévère apparemment incompatible avec le ‎bonheur d’être. ‎

Mais ce n’est pas vrai. Dieu a donné à l’homme le monde et ses jouissances ‎et Il lui a aussi donné la Thora et ses commandements afin que l’homme puisse ‎jouir en sainteté du bonheur d’être. Les plaisirs n’ont pas été placés devant ‎l’homme pour lui être interdits ou pour le piéger par des tentations de « fruit ‎défendu ». La piété authentique ne consiste pas dans les abstentions ‎monastiques ! Ce n’est pas l’interdit comme tel qui prime et qui est source de ‎sainteté. Le commandement donné au premier homme était (Genèse II, 16) : « Tu ‎dois manger de tous les arbres du jardin ! » Tu as non seulement droit à toutes ‎les bonnes choses que Dieu a mises dans le monde pour ton plaisir, mais tu as le ‎devoir d’en jouir. Que cela, toutefois, ne te fasse pas oublier ton Créateur. Si tu ‎agis dans les limites qui t’ont été prescrites, tu atteindras au bonheur en ce ‎monde et à la félicité dans le monde qui vient.‎