Rav Shaoul David Botschko – Parachat Kedoshim – Les limites de l’amour du prochain
La mitzva de la semaine : Parachat Quedochim
Les limites de l’amour du prochain
La mitzva la plus célèbre de la paracha est sans doute « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». (Lévitique xix, 18) :
Il semble bien que ce soit là une mitzva impossible et absolument inhumaine.
C’est pourquoi le Sefer ha-Hinoukh, vient mettre de l’ordre dans les idées, fixant pour ainsi dire des limites à la mitzva dont l’intention serait uniquement de ne pas se conduire vis-à-vis d’autrui comme nous ne désirons pas que l’on se conduise avec nous: ne pas voler, ne pas nuire, ne pas colporter des bruits…:
« Car celui qui aime son prochain comme soi-même ne volera pas son argent, ne commettra pas d’adultère avec sa femme et ne lui nuira en aucune façon en sa personne ou en ses biens. (Mitzva 243). »
Telle n’est pas la lecture de Maïmonide qui affirme que l’on doit vouloir pour son prochain ce que l’on veut pour soi-même, par amour authentique :
« C’est une mitzva positive instituée par les Sages de rendre visite aux malades, de consoler les endeuillés, de veiller aux funérailles des défunts, au soins des noces de l’épousée, de pratiquer l’hospitalité et de s’occuper de toutes les nécessités de l’enterrement, …Et bien qu’elles aient toutes été instituées par les Sages, elles sont comprises dans le commandement « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Toutes les choses que tu souhaiterais que l’on fasse pour toi, fais-le pour ton frère en Thora et mitzvoth (Règles du deuil, xiv, 1).
Dans la pratique, la mitzva se meut entre les deux pôles : au minimum selon le Sefer ha-Hinoukh sans l’explication duquel nous serions incapables de nous acquitter des obligations de cette mitzva, tout en aspirant à la réaliser au niveau d’exigence de Maïmonide. Vis-à-vis des moins proches pratiquons la mitzva à la manière du Sefer ha-Hinoukh et vis-à-vis des plus proches efforçons nous d’atteindre aux critères fixés par Maïmonide. Quant aux vraiment proches, l’époux ou l’épouse, nous lui devons tous ce que nous voulons pour nous-mêmes.
En tout état de cause, vis-à-vis de tous, la mitzva commence dans l’intimité du cœur de chacun, de reconnaître en autrui un humain comme soi-même, créature du même Créateur.