Rav Shaoul David Botschko – Paracha Vayéle’h – L’union du peuple
Nous nous trouvons véritablement à la veille du décès de Moïse notre maître.
Celui-ci remet le sceptre entre les mains de Josué.
« Moïse appela Josué et lui dit aux yeux de tout Israël : “Sois fort et courageux,
car c’est toi qui viendras (tavo) avec ce peuple dans le pays que l’Éternel a juré à leurs
pères de leur donner ; et c’est toi qui le leur fera hériter” » (Dt 31, 7).
Dans la suite de la paracha, c’est Dieu Lui-même qui encourage Josué :
« Il commanda à Josué, fils de Noun, et dit : “Sois fort et courageux, car c’est
toi qui mèneras (tavi) les enfants d’Israël dans le pays que Je leur ai promis ; et Je
serai avec toi” » (ibid., verset 23).
Il nous faut nous interroger sur cette légère variation d’expression : Moïse
avait dit « c’est toi qui viendras avec ce peuple », tandis que Dieu dit « c’est toi qui
mèneras les enfants d’Israël ».
Moïse notre maître met l’accent sur le fait d’être ensemble. Le chef suprême
d’Israël s’apprête à quitter ce monde. Il faut maintenant une direction nouvelle, qui
soit proche du peuple. L’expression tavo et ha’am hazé, que certaines versions de la
Bible traduisent par « tu mèneras ce peuple » (tavo étant compris comme tavi), doit
bien être traduite « tu viendras avec ce peuple ». Le regard de Moïse est empreint de
l’inquiétude qu’il éprouve, au moment de la passation de pouvoir entre lui-même et
Josué. Cette génération requiert un esprit d’équipe, non une direction dure.
Le regard divin porte sur les générations à venir. Il ne s’agit plus du peuple que
Josué conduit au pays d’Israël, mais des enfants d’Israël, le peuple saint, pris au-delà
du temps présent. La conquête de Josué vaut pour toutes les générations ; elle est
perpétuelle ; aussi la mission de Josué consiste-t-elle à mener le peuple et à le diriger,
afin que s’accomplisse ce processus historique.
Les paroles de Moïse notre maître constituent un conseil tactique ; celles de
Dieu relèvent de la stratégie. Bien entendu, l’ensemble de ces paroles viennent de
Dieu, et ces deux voies se complètent l’une l’autre.
Shaoul David Botschko