Rav Shaoul David Botschko – Vayikra : L´offrande
« Un homme qui apportera une « Ola » (holocauste) »[1].
« Une âme qui apportera une « Min’ha » (offrande) »[2].
Pourquoi dit-on une fois un homme et l’autre fois une âme demande Rachi ?
« Une âme qui fautera apportera un » ‘Hatat » (sacrifice expiatoire) »[3].
Et ici Rachi ne s’étonne pas que la Thora emploie le mot âme pour dire une personne.
La « Ola » et la « Min’ha » dont on parle ici sont des sacrifices volontaires que l’homme apporte pour témoigner de son attachement à D-ieu. La « Ola », elle, est un animal que l’on sacrifie, tandis que la Min’ha est une offrande de farine.
Le » ‘Hatat » se différencie de la Ola et de la Min’ha dont on parle dans notre Paracha car lui est obligatoire et est apporté pour réparer une faute.
La « Ola » signifie : celle qui monte. Elle est entièrement consumée sur l’autel; elle représente l’empressement de la personne de se soumettre à D-ieu et de s’élever vers Lui et d’accepter tous les sacrifices pour cela. Le sacrifice d’Isaac est appelé une Ola car il représente bien dans la tradition celui qui est prêt à tout pour réponde à l’appel de D-ieu.
Le ‘Hatat, lui, est le sacrifice de celui qui a transgressé une interdiction de la Thora.
Il vient au temple et cherche à renouer les liens avec D-ieu. La prise de conscience de la faute est un acte d’humilité et ainsi c’est une âme qui réalise ses torts, une âme en peine pourrait-on dire, qui s’approche du cohen. C’est bien la raison pour laquelle chaque fois que l’on parle dans cette Paracha d’une personne qui a fauté, on dit « une âme » qui a fauté.
Cette personne est consciente qu’elle a besoin d’aide pour se relever et c’est ainsi qu’une relation doit s’établir entre le cohen (prêtre) et celui qui amène le ‘Hatat. C’est peut-être la raison pour laquelle le ‘Hatat n’est pas entièrement consumé, une partie doit être mangée par les cohanim[4]. D’ailleurs la Guemara enseigne que ce n’est qu’une fois que la viande a été consommée que le pardon est accordé à celui qui a apporté le sacrifice[5].
On peut maintenant comprendre la question de Rachi de manière plus précise : la Minh’a est un sacrifice qui dans sa finalité est la même que la « Ola » : il s’agit d’une offrande volontaire, d’un cadeau. Alors demande Rachi, comment se fait-il que l’on utilise pour celui qui offre la Min’ha le terme « d’âme », terme qui convient pour celui qui a fauté ? On peut également se demander pourquoi le cohen mange-t-il une partie de la galette, que celle-ci n’est pas entièrement consumée comme la Ola.
Rachi répond : « Qui a l’habitude d’apporter une « Ola » en offrande ? Le riche qui a des moyens d’acheter des animaux; et qui a l’habitude d’apporter une Min’ha ? Le pauvre qui n’a que de la farine à offrir. Mais dit D-ieu : Je l’estime plus que les autres et Je le considère comme s’il m’avait offert son âme, c’est pourquoi le verset dit : Une âme qui apportera… »
Dans toute Ola il y a un danger : l’orgueil. Même lorsque l’homme se met au service de D-ieu, il risque de prendre conscience de la valeur de son geste en lui faisant perdre ainsi son sens. Tandis que le pauvre, lui, s’approche furtivement de D-ieu et Lui offre discrètement une offrande. Il pense même que pour réussir son rapport avec D-ieu, il a besoin du concours du cohen; c’est pourquoi ce dernier consommera une partie de son cadeau[6].
Le Grand-Prêtre devait apporter chaque jour un Min’ha[7]. C’est d’ailleurs son seul sacrifice journalier obligatoire. Il ne doit pas oublier – quels que soient les honneurs qui l’entourent – qu’il n’est finalement qu’un pauvre qui doit modestement s’approcher de D-ieu.
C’est dans ce même esprit que la Thora demande à chacun qui apporte une « Ola » de l’accompagner d’une Min’ha. Il faut toujours garder la simplicité du pauvre[8].
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[1] Lévitique 1, 2
[2] Lévitique 2, 1
[3] Lévitique 4, 2
[4] Lévitique 6, 19
[5] Rachi sur Lévitique 10, 17
[6] Lévitique 11, 3
[7] Lévitique 6, 15
[8] Nombres 15, 1-12