« Alors qu’ils les faisaient sortir au dehors, il dit : met ta personne à l’abri, ne te retourne pas pour les regarder de haut1 et ne t’arrête nulle part alentour, met toi à l’abri sur la montagne, que tu ne sois emporté ! » (Genèse XIX, 17)
Telles sont les instructions données à Loth lorsqu’avec sa famille il est sauvé de la destruction de Sodome. « Ne te retourne pas pour voir », ne regarde pas en arrière lui disent les anges venus le sauver. « Tu n’es pas meilleur qu’eux » explique Rachi. De quel droit observerais-tu leur malheur, comme si tu étais en droit de les juger : bien fait pour eux ! Non pas. Tu aurais dû partager leur sort puisque tu as choisi de t’installer au milieu de ces scélérats. Leur immoralité ne t’a pas empêchée de frayer avec eux au vu des avantages socioéconomiques que tu en espérais. Ce n’est que par le mérite d’Abraham que tu es sauvé. En réalité, comme le suggère le verbe utilisé par le texte, c’est bien plus une fuite qu’un sauvetage : c’est par grâce et non par mérite que ta vie sera sauve.
Au travers de cette consigne donnée à Loth, un message adressé à tout un chacun peut s’entendre dans ce verset. Tu recherches le salut ? Ne regarde pas en arrière, comme si tu regrettais un passé qui t’empêcherait d’avancer. Laisse le passé derrière toi. Tu dois aller de l’avant si tu ne veux pas que les mutations historiques te rendent toi-même obsolète, si tu ne veux pas être laissé pour compte par le progrès. Ne fais pas halte ; pas de sur-place, ce n’est pas le bon choix. On sait bien que qui n’avance pas recule ! Regarde vers les hauteurs, aspire à t’élever. Surtout après l’échec, surtout après la chute, il importe de se relever et de monter, d’aller plus haut.
Ne pas regarder en arrière n’est pas seulement un interdit. C’est un appel aussi : n’est pas peur, et avance ! Ton avenir est devant toi.
1 Le verbe lehabite, signifie toujours « regarder de haut en bas »