Vaye’hi – Yossef le juste
Rav Nahum Botschko
L´un des thèmes de notre paracha est la bénédiction de Jacob à ses fils avant sa mort. Joseph bénéficie d´une abondance de bénédictions; selon Rachi et le Midrach, une grande partie de ces bénédictions concernent la grande épreuve de la femme de Putiphar que Joseph a dû surmonter.
Le Talmud (Sota 36b) dit : « Il a retenu puissamment son arc » (Genèse 49, 24) Rabbi Yohanan a dit au nom de rabbi Méir : lorsque la femme de Putiphar a tenté de le séduire, et l’a saisi par son vêtement, la figure de son père lui est apparue à la fenêtre ; il lui a dit : Joseph, les noms de tes frères seront inscrits sur le ephod du grand prêtre, et toi aussi parmi eux. Veux-tu que ton nom en soit effacé. Dans l’instant, il a dompté son instinct, etc.
Deux facteurs ont donc contribué, selon le talmud, pour permettre à Joseph de vaincre son instinct :
• 1) Il a vu la figure de son père – le souvenir du lien intrinsèque l’unissant à son père et à la tradition familiale; Joseph avait en effet étudié la Thora avec son père dans sa jeunesse.
• 2) La rétribution de ses mérites – Joseph comprend que pour que sa descendance obtienne une pierre à son nom sur le ephod, il doit surmonter cette épreuve.
En plus de la rétribution spirituelle déjà mentionnée, une rétribution matérielle était aussi promise à Joseph :
Rabbi Chimeon ben Gamliel enseigne : Joseph a été rétribué de par ce qui est à lui :
Sa bouche n’a pas donné de baisers coupables : « par ta bouche toute chose sera exécutée.
Son corps qui n’a pas touché à la faute : il le revêtit de vêtement d’apparat.
Son cou ne s’est pas penché pour fauter : il plaça le collier d’or sur son cou.
Ses mains n’ont point fait de caresses fautives : le roi ôta sa bague de sa main et la mit sur la main de Joseph.
Ses pieds n’ont pas fait de faux pas ! qu’ils viennent et montent en carrosse : il le fit monter sur son second char (Genèse Rabba, 90:3)
Ce midrach nous enseigne que celui qui surmonte ses instincts se voit aussi matériellement récompensé en ce monde. Il existe des jouissances physiques interdites en certaines circonstances et permises en d’autres. Se maîtriser pour ne pas transgresser la Thora doit s’accompagner de la conscience du fait que des plaisirs analogues ou similaires sont disponibles et constituent même parfois l’accomplissement d’une mitzva !
De même, durant l’épreuve elle-même, Joseph s’est expliqué quant aux raisons qui le retenaient de céder à la séduction de la femme de Putiphar. Il lui dit : « mon maître ne me surveille en rien et tout ce qui est à lui, il me l’a confié ; nul ne m’est supérieur en cette maison et il ne m’a restreint en rien, sauf pour ce qui est de toi car tu es sa femme ; comment commettrais-je ce grand mal, me mettant en faute contre Dieu ! » Joseph nous enseigne des raisons de ne pas fauter : la loyauté et la gratitude envers son employeur, dans les relations de l’homme à son prochain, et fidélité totale à Dieu.
En résumé, donc, la victoire de Joseph sur la séduction de la femme de Putiphar a appris aux générations suivantes comment résister à la tentation :
• – Il a vu la figure de son père: lien à la tradition des pères et à la Thora
• – Son nom figurera sur une pierre du pectoral: rétribution spirituelle
• – On lui a donné de ce qui lui appartenait: rétribution matérielle
• – Tout ce qu’il possède il me l’a confié: loyauté et droiture vis-à-vis de la société
• – Et je serais en faute contre Dieu: respect de la Volonté d’En haut.
Bénédiction Emouna Ethique Rav Nahum Botschko Tanakh