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Réeh – Le prélèvement de la dîme

Réeh – Le prélèvement de la dîme

Rav Nahum Botschko
La Thora, à la fin de la paracha, nous demande de dépasser l’égoïsme naturel de l’homme, qui préfère conserver toute sa fortune pour lui-même, et elle nous impose toute une série de commandements consistant à donner au prochain : le prélèvement des dîmes, la remise des dettes lors de l’année sabbatique, l’aumône aux pauvres, la mise en garde contre le refus de prêter au nécessiteux, l’obligation de libéralités à l’égard du serviteur qui s’affranchit…
A propos de la dime, la Thora s’exprime de maniere curieuse (Deutéronome XIV, 22-23) :
« Prélever tu prélèveras la dîme de tout produit de ta recolte… et tu la mangeras devant Hachem ton Dieu… »
Nos maîtres ont enseigné (Cf. Tossafot s/Taanit 9a, apud « prélever », d’après le Sifré) :
« Prélever tu prélèveras la dîme de tout produit de ta recolte – afin d’y inclure le produit des intérêts et de toute activité commerciale ainsi que tous les bénéfices qui sont soumis à la dîme. »
Rabbi Baroukh Halévy Epstein, l’auteur du Thora Témima, explique que nous apprenons du fait que le texte porte « tout produit de ta recolte» que tous les gains réalisés comme fruits de l’activité de l’homme sont inclus dans cette expression. Nos maîtres (Taanit 9a) ont aussi perçu dans ce verset le secret de l’enrichissement. Pourquoi, ici, la répétition du verbe ‘asser té‘asser traduit par « prélever tu prélèveras la dîme1 » ? Jouant sur le fait qu’en hébreu le même caractère sert à dénoter le son « s » et le son « sh », nos maîtres lisent « prélève la dîme (‘asser) afin de t’enrichir (tit‘asher). Et le Talmud d’ajouter que bien qu’il soit interdit, d’ordinaire, de mettre Dieu à l’épreuve en matière de sanction – positive ou négative – des commandements, le nombre et la complexité des « paramètres » entrant en jeu dans une telle évaluation dépassant les possibilités d’en poser correctement l’équation, ce pourquoi il est écrit (Deutéronome VI, 16) : « n’éprouvez pas Hachem ! », néanmoins, il est permis de le faire dans ce domaine ; en effet, le prophète Malachie le dit explicitement (Malachie III, 10) :
Apportez toutes les dîmes dans le lieu du dépôt, pour qu’il y ait des provisions dans Ma Maison, et jugez-Moi en cela, dit Hachem- Çebaot, si Je n’ouvre pas en votre faveur les benedictions du ciel, Si je ne répands pas sur vous la bénédiction au-delà de toute mesure.
Ce qui implique qu’il soit a priori permis de donner la dîme afin de s’enrichir. À preuve de ce principe, Thora Temima cite la guémara de Kétoubot 66b : « le sel de la fortune est d’en retrancher. » Ce que Rachi explique en disant que celui qui veut « saler » sa fortune, c’est-à-dire la conserver, doit en retrancher en permanence pour en distribuer aux pauvres, et cette diminution est la garantie même de sa conservation. Il existe en quelque sorte un principe spirituel à l’œuvre dans la réalité du monde : si je possède 10 000 shekels et que j’en donne 1 000 au titre de la dîme, il me reste arithmétiquement 9 000 shekels. Les Sages le disent qu’en réalité je n’ai rien perdu ; non seulement parce que moralement parlant j’ai soutenu des pauvres et des nécessiteux, mais aussi concrètement, de telle ou telle manière, je m’enrichirai de ce fait et j’aurais alors plus que ce que je possédais au départ. Comment est-ce possible ? Comment comprendre cela ?
Les Qabbalistes expliquent que l’homme doit prendre conscience du fait que son rôle est d’agir à la manière d’un conduit par lequel transite le flux de bénédiction destiné à autrui. Nous ne vivons pas que pour nous-mêmes, mais aussi pour autrui et pour Dieu. Celui qui remplit son rôle continuera de recevoir afin de pourvoir continuer à donner. Mais s’il ferme le robinet, s’il cesse de donner aux autres et garde tout pour lui, il n’y a plus de place dans le réservoir pour le renouvellement du flux. Ainsi, celui qui donne à autrui ne perd jamais, alors que celui qui conserve pour lui seul perd toujours, puisqu’il ne peut plus recevoir davantage!!!

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Il ne s’agit jamais d’un simple « effet de style biblique ». On déduit généralement d’une telle insistance le fait qu’on ne peut se dédouaner en ayant fait une fois ce que le texte prescrit, mais qu’il faut le refaire autant de fois que nécessaire, ou encore qu’il s’agit d’un impératif catégorique. La dîme ayant été prélevée, l’action a été entièrement effectuée ; à quoi sert, ici la répétition ? (NdT)

 

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