Rav Shaoul David Botschko – Parachat Michpatim – Le bénévolat
La mitzva de la semaine : Parachat Michpatim
Le bénévolat
L’une des nombreuses mitzvoth énoncées dans la paracha concerne le jugement des diverses sortes de « gardiens » : le bénévole, le locataire, l’emprunteur et le salarié. Le bénévole rend généreusement service à son prochain ; et voilà que lorsque vient le moment de rendre l’objet à son propriétaire, il est introuvable. La Thora prescrit (Chemot xxii, 6-7) :
« Lorsque qu’un homme aura confié à son prochain de l’argent ou des objets à garder et qu’ils auront été volés de sa maison, si le voleur est découvert, il paiera le double. Si le voleur n’est pas découvert, le maître de maison sera convoqué devant les juges s’il n’a pas volé lui-même l’objet de son prochain. »
Le « maître de maison » c’est le gardien. Il est convoqué au tribunal où il devra jurer qu’il n’a pas lui-même volé les biens et, ajoutent les Sages, il devra aussi jurer qu’il n’a pas été négligent en son gardiennage.
Nous voici bien perplexes ! Que lui veut-on ? Il a rendu service, acceptant de garder les biens de son prochain sans contrepartie. Est arrivé ce qui est arrivé. Tout se passe qu’on ne le croit pas sur parole : il doit jurer n’avoir commis aucune faute. Jurer est une conduite extrêmement grave que la plupart des personnes responsables et de bonne foi préfèrent éviter. Supposons même qu’il aurait pu être plus prudent, plus attentif. Il sera condamné à payer bien qu’il ne soit pas à proprement parler responsable du dommage. Il semble bien qu’on se conduit de manière fort sévère à l’égard du bénévole !
La Thora nous donne une grande leçon. Même lorsque tu te portes volontaire et rends service, tu dois te conduire en personne responsable. On t’a fait confiance. On t’a donné un bien à garder et le résultat – le voilà perdu ! Le gardien ne peut pas dire : j’ai voulu rendre service, désolé, c’est arrivé comme ça, je n’y suis pour rien… La Thora nous enseigne ici que bénévolat ne signifie pas irresponsabilité. Dès lors que tu t’es engagé à garder, tu dois le faire sans défaillance. Si tu n’as pas répondu à ce qu’on attendait de toi tu dois montrer que ton gardiennage a été sérieux et qu’à Dieu ne plaise, tu n’as pas toi-même volé le bien.
Telle est en fait la règle. Il est cependant vrai que celui qui a confié son bien à garder peut faire preuve d’indulgence. S’il apparaît que le gardien est homme de rectitude, on n’exigera de lui ni serment ni paiement. La halakha est toutefois nécessaire afin que le statut réel de tout gardien soit bien défini. Ce n’est pas pour rien que la Thora désigne le gardien du titre de « maître de maison ». Elle souligne son importance. Te porter volontaire fait de toi un personnage sur qui on doit pouvoir compter. Une importante responsabilité accompagne l’importance de la fonction.