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Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Vayechev – La vente de Yossef

Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Vayechev – La vente de Yossef

« Et qui enlève un homme et le vend, à mort il sera mis à mort. » (Chemot xxi, 16)

Or, figure dans cette paracha la terrible conduite des frères de Joseph :

« Et passèrent des hommes, des Midianites, des marchands, et ils tirèrent et remontèrent Joseph de la fosse et ils vendirent Joseph aux Ismaélites pour vingt [pièces d’] argent et ils amenèrent Joseph en Égypte. » (Genèse xxxvii, 28)

Les conséquences de cette affaire ont fini par coûter aux Enfants d’Israël un long et pénible exil en Égypte. Pour Abrabanel, c’était le châtiment pour la faute de la vente du frère. Le Maharal conteste : l’exil d’Égypte a été programmé par la Providence comme la Thora le relate (Genèse xvi, 13) :

« Et Il dit à Abraham : savoir tu sauras parce que ta descendance sera étrangère dans un pays qui ne leur appartient pas et ils les asserviront, et les opprimeront quatre cents ans. »

Ce par quoi il amenuise la gravité de la faute des frères. Toutefois, le fait que l’homme possède un libre-arbitre est un fondement de la foi d’Israël que Maïmonide expose dans les Règles de la Téchouva (Chapitre v, règle 1) :

« Liberté à tout homme est donnée, s’il veut se tourner vers la voie du bien et être un Juste, il en a le pouvoir ; et s’il veut se tourner vers la voie mauvaise et un être un Méchant, il en a le pouvoir. C’est à ce sujet qu’il est écrit dans la Thora (Genèse xxii, 22) “oui, l’homme est unique en ceci que de lui-même il décide du bien et du mal.” Cela veut dire que cette espèce d’être qu’est l’homme est unique au monde et aucune autre ne lui est comparable à cet égard qu’il connaisse par soi-même et par sa pensée le bien et le mal et qu’il agisse en tout selon son désir et nul ne peut l’empêcher de faire le bien ou le mal. … »

Certes, annonce a été faite à Abraham que sa descendance serait exilée, mais pas ce qui provoquerait l’exil ! À Dieu ne plaise de laisser entendre qu’Il serait responsable de la vente de Joseph. Celle-ci est le signe de la difficulté des frères à vivre ensemble : Caïn a tué Abel, Abraham a dû se séparer de Loth, Ismaël a tenté de tuer Isaac et Esaü projetait de tuer Jacob. Et tel fut aussi le cas des frères de Joseph (Genèse xxxvii, 2) :

« Et maintenant, tuons-le et jetons-le dans une des fosses et nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré et nous verrons ce qu’il adviendra de ses rêves ! »

Et, en vérité, en le faisant vendre, Yéhouda lui a sauvé la vie (Genèse xxxvii, 26-27) :

« Et Yéhouda dit à ses frères : “quel intérêt y a-t-il à tuer notre frère et couvrir son sang ? Allons, vendons-le aux Ismaélites et ne portons pas nos mains sur lui car il est notre frère notre chair” – et ses frères le suivirent. »

Les frères de Joseph ont eu, eux aussi, beaucoup de mal à accepter ce frère si différent. Mais, grâce à Yéhouda, la vente s’est révélée être une bonne action car elle a empêché le meurtre. Tout est relatif… Il n’en reste pas moins que c’est une terrible affaire et nous aurons toute la longue durée de l’exil d’Égypte pour apprendre la fraternité, car impossible sans elle de survivre à la persécution.

Dans les premières années de la création de l’État, des enfants ont été enlevés, ce qui tache d’une forte salissure notre Indépendance. Certes, dans notre monde, lumière et ténèbres se mêlent : des actions héroïques pour amener nos frères de pays lointains et en même temps une attitude méprisante à leur égard.

De nos jours encore, il peut être difficile (pour certains) d’accepter des descendants des annoussim, ces juifs qui il y a des siècles ont abandonné le judaïsme pour échapper aux persécutions qui cherchent parfois à se rapprocher. Et parfois, l’État ferme la porte au-devant des réprouvés d’Israël.

Apprenons à redresser les torts que ce soit ceux du temps de Joseph, de la création de l’État ou de notre temps.