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Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Noa‘h – Ivresse

Rav Shaoul David Botschko – La mitzva de la semaine : Parachat Noa‘h – Ivresse

À peine sortie de l’arche après le déluge Noé commence par planter une vigne (Genèse xx, 20–21) :

« Noé, homme de la terre, commença et planta une vigne. Il but du vin et s’enivra et se dénuda sous la tente. »

Les Sages le critiquent sévèrement (Sanhédrin 70a) :

« Noé, homme de la terre, commença et planta une vigne – rav ‘Hisda a cité l’enseignement de rav ‘Ouqva: Le Saint, source des bénédictions, a dit à Noé – Noé, tu n’aurais pas dû suivre l’exemple du premier Adam, provoqué par rien d’autre que le vin. Comme celui-là qui enseigne que l’arbre dont le premier Adam a mangé était une vigne. En effet, une baraïta rapporte l’enseignement de rabbi Méir : cet arbre dont le premier Adam a mangé était une vigne, car rien ne provoque la lamentation de l’homme sinon le vin. »

Et si pourtant, la halakha nous dit qu’il n’y a de joie que dans la viande et le vin, c’est à condition de ne pas en abuser. C’est ainsi que rabbi Yossef Caro écrit dans son commentaire sur le Tour (qui lui a servi de modèle pour son Choul‘han ‘Aroukh), à propos des Règles de Pourim, que la mitzva de boire plus qu’à son habitude ne doit pas conduire à la perte de la dignité humaine (Beit Yossef, Tour Ora‘h ‘Haïm, 695) :

« Il est écrit dans Or‘hoth ‘Haïm (règles de Pourim §38) que l’homme a obligation de se griser à Pourim, mais non de s’enivrer ; en effet, l’ivresse est strictement défendue et il n’est pas de pire transgression que celle-là, qui provoque abus sexuels et meurtre et encore d’autres fautes. Il ne s’agit que de boire un plus que d’habitude. »

Nous devons donc nous demander, s’il en est ainsi, pourquoi prononçons-nous le Qiddouch, l’acte de sanctification par excellence, sur le vin ? Pourquoi est-il tout simplement permis de manger de la viande et de boire du vin ? Sans compter le fait que le chabbat et les jours de fête, le manger et le boire sont même une mitzva !

La réponse est claire : la Thora n’interdit pas de jouir de la vie. Elle interdit l’exagération. Or, il n’est pas de meilleur moyen d’apprendre à jouir de la vie saintement que lorsque ces jouissances servent à la louange de Dieu. Lorsqu’elles servent à transformer les appétits malsains en service divin, à transformer ce qui pourrait provoquer la profanation en sanctification.

Mais toute chose doit se faire de manière ordonnée ; la faute de Noé a été de commencer par planter une vigne, de faire du plaisir non un moyen mais une fin. C’est pour cela que le verset l’appelle « homme de la terre », homme qui se réduit à sa terrestrialité et perd son humanité.

Telle n’est pas notre part ; nous élevons la joie de vivre en louange pour Lui et nous nous élevons à la sainteté par la sanctification, le qiddouch, sur du vin.