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Rav Nahum Botschko – Pirké Avot – « … et toute Thora ne s’accompagnant pas de travail »

Rav Nahum Botschko – Pirké Avot – « … et toute Thora ne s’accompagnant pas de travail »

Pirké Avot – « … et toute Thora qui ne s’accompagne pas de travail »

Il est coutume, dans toutes les communautés d’Israël, de lire un chapitre des Pirqé
Avoth chacun des six chabbatoth entre Pessah et Chavouoth. Ce chabbat, nous lirons
le deuxième chapitre.

Dans la deuxième michna de ce chapitre, rabban Gamliel nous donne deux
enseignements :
1. L’étude de la Thora est efficace lorsqu’elle s’accompagne de derekh eretz1, car
l’effort des deux fait oublier les fautes ; et toute Thora qui ne s’accompagne pas de
travail est destinée à disparaître et entraîne faute.
2. Que tous ceux qui œuvrent avec la collectivité œuvrent « au nom du ciel ». [C’est-
à-dire que le bien de la collectivité doit primer chez eux sur toute considération
égoïste.]
Y a-t-il un lien entre ces deux enseignements rapportés au nom de rabban Gamliel
dans une même michna (autre que leur auteur) ?

On peut constater en effet qu’ils ont un même fondement psychoaffectif. La première
michna affirme que l’homme possède par nature un grand nombre de caractères et de
facultés et ce, de façon innée. Il acquiert de plus, avec le temps, des désirs et des
aspirations et toutes ces composantes de sa personnalité veulent se réaliser (en termes
classiques, passer de la puissance à l’acte). Rabban Gamliel enseigne que la seule
étude de la Thora ne suffit pas à réussir la réalisation de toutes les potentialités. Cela
exige aussi travail et derekh eretz.
Plus encore, celui qui étouffe les énergies qui
couvent en lui parce qu’il croit qu’il doit se consacrer exclusivement et à chaque
instant à l’étude de la Thora, finira probablement par souffrir d’une frustration et
d’une insatisfaction croissantes, provoquées par le fait qu’il ne permet pas aux
dimensions de sa personnalité profonde – dimensions dont il a été gratifié par Dieu –
de s’exprimer. Cette frustration asphyxiera sa joie de l’étude et du service de Dieu,
joie indispensable à l’authenticité de ce service et à la bonne santé psychique et
spirituelle.

Celui qui cherche à découvrir sa vérité intime en harmonie avec sa personnalité et
œuvre en toutes ses démarches à partir de sa propre intériorité et non sous la pression
de facteurs qui lui sont extérieure et étrangers (par exemple la pression de facteurs
sociaux), parviendra aux résultats souhaités : « la Thora est efficace lorsqu’elle
s’accompagne de derekh eretz… car l’effort des deux fait oublier les fautes. »

Ce principe d’une vie de Thora fondée sur la santé psychique est aussi le secret de la
réussite de l’action au service du public. Celui qui vit conformément à la saine Thora
de vérité réussira à agir de manière effective même lorsqu’il se verra appelé à des
fonctions publiques et œuvrera « au nom du ciel » pour le bien de la collectivité.
En examinant la michna, nous y trouvons un conseil pratique quant à la manière
d’agir convenablement – au nom du ciel – pour répondre aux besoins de la
collectivité. Il n’est pas dit, en effet « celui qui œuvre en faveur de la collectivité » ou
« au bénéfice de la collectivité » mais « avec la collectivité ». Rabbi Hayyim de
Volozyne explique (Roua‘h Hayyim, II, 2) : « il faut que vous vous représentiez que vous
n’êtes pas l’acteur principal ; la collectivité est l’essentiel et vous lui êtes
subordonnés. C’est pour cela que la michna dit : « avec la collectivité. » Le rav Kook
זצ »ל signait ses lettres en se présentant comme : « serviteur du peuple saint sur la terre
de sainteté » bien qu’il était certainement l’un des chefs les plus respectés et reconnus
de son temps.

Nous nous préparons à fêter bientôt le Jour de l’Indépendance. Nos générations,
générations de la Délivrance, ont le privilège de voir de leurs propres yeux le
rassemblement des communautés d’exil et l’établissement des fondations de l’État.
Nos générations ont ainsi l’occasion privilégiée entre toutes de mettre à exécution ces
valeurs de « l’étude de la Thora avec le derekh eretz », l’harmonie entre le domaine
de la sainteté et celui des activités profanes, et aussi dans celui des relations à autrui,
que ce soit dans le cadre privé de la famille ou dans celui des affaires publiques.
Chacun de nous doit aspirer à conduire ses affaires privées et publiques « au nom du
ciel » et non pour la seule satisfaction de ses intérêts personnels.

 

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