1 Tora mi-Tsiyon, Kohkav Yaakov, 9062200
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Nasso – Sur les traces du nazir

Nasso – Sur les traces du nazir

Rav Nahum Botschko

 

L’un des sujets dont traite la paracha de Nasso est celui du nazir1. La Thora décrit ainsi son statut : « et voici la loi du nazir, au jour où s’achèveront les jours de son naziréat, il l’apportera à la porte de la Tente d’Assignation. »
Ce verset n’est certes pas clair ! Que doit-il donc apporter ? Ou quelqu’un doit-il l’amener lui ? Nevient-il pas de lui-même ? C’est en ces termes que le midrach Sifré, cité par Rachi, s’exprime : « Serait-ce donc que d’autres l’amèneraient ? N’est-ce pas qu’il vient de lui-même !? C’est ici l’un des trois cas où rabbi Yichmael interprétait la préposition eth (introduisant normalement le complément d’objet direct). »
Que nous apprend ce midrach ? Nous avons déjà eu l’occasion de remarquer dans le passé l’ambiguïté qui s’attache au cas du nazir. Sa conduite est présentée d’une part comme positive, mais il doit d’autre part offrir un sacrifice d’expiation au terme de son naziréat, pour s’être abstenu de vin. En effet, la Thora ne requiert pas de l’homme une abstinence de la vie matérielle. Les Sages ont expliqué cette ambiguïté par le fait que la paracha du nazir fait suite à celle de la sota2 : « c’est pour t’enseigner que quiconque est témoin de la déchéance de la sota doit faire vœu de s’abstenir de vin car c’est lui qui mène à l’adultère. » (Cité par Rachi sur Nombres VI, 2) Autrement dit, il est préférable que celui qui a fait l’expérience d’un désordre moral dans son entourage et qui en a peut- être été influencé, adopte une conduite à l’extrême opposé, au moins pour un certain temps. Il pourra revenir ensuite à l’équilibre souhaitable. Ceci est assez proche de l’ascèse préconisée par Maïmonide dans ces Huit Chapitres.
Rabbi Méir Simha Hacohen de Dvinsk donne dans son Mechekh Hokhma une explication magnifique : « la clé pour savoir où s’achève son intégrité et sa valeur, de sorte que ses forces instinctuelles ne lui fassent pas perdre la tête, et que le désir n’induise pas la raison en erreur, consiste à se considérer soi-même à la manière dont on juge les autres… c’est pour cela que le verset parle ici à la troisième personne, disant qu’il se mène au Temple comme s’il y menait un tiers. » Après, donc, une période d’ascèse où ce nazir s’est détaché de toutes sortes de désirs et de choses superflues susceptibles de le faire chuter moralement, il fait repentance et se transforme au point que, venant au Temple, il s’y mène comme s’il s’agissait d’un autre, d’un être tout neuf !
Cela est évidemment vrai de chacun de nous. Le niveau le plus élevé de la repentance est celle qui s’effectue par amour, qui a la prérogative de transmuer les fautes conscientes et volontaires en mérites, au point que tout se passe comme s’il y avait là maintenant un homme neuf. Voilà ce qu’écrit à ce sujet le rav Kook (‘Ein Aya, Bérakhot, chapitre 1, § 3) : « Mais étant donné qu’il est déjà descendu dans les profondeurs de tout mal, lorsque maintenant il remonte et qu’il s’est forgé un cœur neuf pour servir Hachem, il a déjà agi et beaucoup rédimé en ce jour-là, et le jour s’est en quelque sorte déjà purifié en ce qui le concerne, mais l’homme lui-même n’est pas encore purifié tant que, par un surcroît d’effort, il ne s’est pas élevé dans la crainte d’Hachem et qu’il ne désire pas la proximité divine avec un élan plus vigoureux qu’avant la faute ; alors il atteindra un niveau bien supérieur à celui où il se trouvait auparavant. Il s’ensuit que la pureté lui revient du point de vue de l’homme aussi. »
À quoi cela peut-il être comparé ? À quelqu’un qui à force d’une mauvaise hygiène alimentaire arrive chez le dentiste avec des caries plein la bouche. Le dentiste lui explique les dangers d’une consommation exagérée de sucreries et notre homme se trouve maintenant en présence de l’alternative suivante : ou bien il diminue sa consommation de douceurs et l’état de ses dents s’améliorera ; ou bien il fera usage de cette faute qui l’a mené dans l’état où il est et en tirera les conséquences pour changer complètement sa manière de se nourrir. De ce point de vue, il sera devenu un être nouveau. Tel est aussi le processus du repentir.
Quelqu’un qui s’est habitué à des conduites immorales et souhaite amender son comportement se trouve aussi face aux termes d’une alternative : la première consiste, regrettant le passé, à prendre des engagements pour l’avenir et à se contenter de cela. La deuxième est bien plus significative : suite à la déchéance spirituelle dont il a pris conscience, il décide de couper complètement les ponts avec la faute et, se servant de la situation où il se trouve comme d’un tremplin, il s’élève dorénavant de niveau en niveau, se transformant complètement jusqu’à devenir un être refait à neuf, encore plus proche de Dieu qu’il ne l’avait jamais été.

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1 La traduction classique de ce terme est « abstème », c’est-à-dire celui qui a fait un vœu d’abstention,
notamment de vin. Nous conserverons quant à nous le mot hébreu dans sa transcription française.
2 Il s’agit de la femme soupçonnée d’adultère et qui sera soumise à une ordalie pour établir son
innocence.

Traduction : Rav Simsowitch

 

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