La paracha dans le midrach par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Vayichla‘h : La double peur
Jacob rentre dans son pays, en Eretz Israël, après son exil chez Laban. Il sait qu’il va devoir se confronter avec Ésaü et il lui envoie une délégation visant à la conciliation. Ses messagers reviennent et lui annoncent qu’Ésaü vient à sa rencontre avec une troupe de quatre cents hommes, manifestant ainsi la probabilité d’intentions belliqueuses. La Thora décrit les sentiments qu’éprouve alors Jacob (Genèse XXXII, 8) :
« Jacob eut très peur et il fut dans l’angoisse. »
Que signifie cette apparente répétition ? Citant le midrach Beréchit Rabba (76, 2) Rachi explique :
« Il eut peur d’être tué et fut dans l’angoisse à l’idée d’avoir à tuer autrui. »
Ce commentaire de Rachi exprime une particularité de l’identité juive : l’humanité qui caractérise profondément ce peuple ; de même qu’il ne veut pas être tué, il ne veut pas non plus tuer, fut-ce ses ennemis.
Cela dit, Rachi met aussi en évidence que malgré cette angoisse, il ne faut pas hésiter à tuer en légitime défense celui qui veut notre mort. Cela nous fait mal, cela nous angoisse, mais il faut le faire quand même.
S’il en est ainsi, pourquoi donc cette angoisse ? Le souci d’autrui qu’elle manifeste garantit au combattant juif la conservation de son image divine. Ce qu’il a le devoir de faire parce que les circonstances l’y obligent n’altère pas son être profond et il reste fondamentalement charitable, aimant tous les hommes.