La paracha dans le midrach par le Rav Shaoul David Botschko – Parachat Tazri‘a – Metzora‘ : Lachone hara‘ et les cinq livres de la Thora
La paracha traite de la « lèpre » et de la manière de s’en purifier. La tradition nous enseigne que cette « maladie » est le châtiment de celui qui s’est rendu coupable de lachone hara‘. Le Midrach fait remarquer que le mot Thora apparaît cinq fois en relation avec le lachone hara‘, ce qui indique que celui qui fait un tel usage de la parole contredit les cinq livres de la Thora (Lévitique Rabba, 16, 6) :
« Rabbi Yehochou‘a ben Lévi a enseigné : cinq fois le mot Thora apparaît en relation avec le metzora‘, le “lépreux”. “Ceci est la Thora de la plaie lépreuse”[1], “ceci sera la Thora du lépreux”[2], “ceci est la Thora de celui en qui plaie lépreuse”[3], “ceci est la Thora de toute plaie lépreuse”[4], “ceci est la Thora de la lèpre”[5]. Ceci sera la Thora du lépreux, du calomniateur[6], pour t’enseigner que quiconque parle la langue du mal transgresse les cinq Livres de la Thora. C’est pourquoi Moïse met en garde Israël – ceci sera la Thora du lépreux. »
Quel rapport ?
Le Livre de Beréchit rapporte l’histoire de Joseph et de ses frères, génératrice de catastrophes suite aux mauvaises paroles qui régnaient entre eux. Celui qui dit du mal de sa famille témoigne du fait qu’il n’a pas appris la leçon du Livre de Beréchit.
Le Livre de Chemot est celui de la transformation de la famille des patriarches pour devenir le peuple d’Israël. Moïse, au Buisson ardent, a vu sa main devenir lépreuse parce que, alors qu’Hachem le charge de mission pour aller dire aux Hébreux que le temps de leur libération est arrivé, il se dérobe en disant (Chemot iv, 1) : « ils ne me croiront pas et ne m’écouteront pas. » Celui qui dit du mal du peuple d’Israël témoigne du fait qu’il n’a pas appris la leçon du Livre de Chemot.
Le Livre de Vayiqra est le livre de la sainteté, qui enseigne l’intensité de sainteté, corps et âme, de chaque membre d’Israël. Prêter sa langue au mal porte atteinte à la sainteté et entraîne pour le coupable une « lèpre » qui le rend impur. Qui agit ainsi à l’égard de son prochain témoigne du fait qu’il n’a pas appris la leçon du Livre de Vayiqra, qu’il n’a pas intériorisé ce qu’est la sainteté de toute personne en Israël et, du même coup, porte atteinte à sa propre sainteté.
Le Livre de Bamidbar est le livre de la marche au désert vers la Terre d’Israël. La médisance des explorateurs dénigrant la Terre d’Israël a retardé de quarante ans notre entrée dans le Pays. Celui qui dit du mal de la Terre d’Israël témoigne du fait qu’il n’a pas appris la leçon du Livre de Bamidbar et il continue d’agir à la manière des explorateurs.
Le Livre de Devarim est le livre de la préparation à l’entrée en Eretz Israël. Il nous enjoint (xxiv, 9) : « Rappeler ce qu’Hachem ton Dieu a fait à Myriam, en chemin, quand vous sortiez d’Égypte. » Myriam a été frappée de lèpre pour avoir imprudemment parlé à la légère de Moïse, ce qui nous enseigne à ne pas dire n’importe quoi des dirigeants d’Israël et à ne pas systématiquement interpréter leurs actions à charge.
Ceci sera la Thora du metzora‘. Et quant à nous, nous voulons être la génération de la réparation des fautes du lachone hara‘. Nous voulons être la génération de ceux qui se parlent avec amour, qui hissent au plus haut leur famille et leur peuple, qui élèvent la sainteté qui est en nous, qui renforcent le lien profond qui nous attache à notre terre et s’efforcent d’agir pour l’unité du peuple et de ses dirigeants.
[1] Lévitique xiii, 59.
[2] Lévitique xiv, 2.
[3] Lévitique xiv, 32.
[4] Lévitique xiv, 54.
[5] Lévitique xiv, 57.
[6] Assonance : metzora‘ – motzi chem ra‘. Le Midrach met en évidence le fait que le mot metzora‘, qu’on traduit par « lèpre », apparaît comme la contraction de l’expression motzi chem ra‘, qui signifie « calomniateur ». de même que la lèpre détruit le corps de l’homme, la calomnie détruit le corps social. (NdT)